Tendue depuis des mois, la situation dans l’archipel a explosé à l’occasion de l’examen à l’Assemblée de la réforme constitutionnelle actant un élargissement du corps électoral dont les indépendantistes estiment qu’il leur est défavorable. Entre Caldoches, loyalistes, indépendantistes du FLNKS et autres mouvements, le spectre de la quasi-guerre civile des années 1980 ressurgit. Un choix d’articles pour comprendre pourquoi la Nouvelle-Calédonie connaît une nouvelle crise.
«Caldoche», «Kanak», «Métros» : que signifient ces termes et quelles populations vivent en Nouvelle-Calédonie ?
Il y a quarante ans déjà, pendant les événements de 1984, les mêmes questions de «dégel du corps électoral» avaient opposé, dans un climat de quasi-guerre civile, les organisations politiques indépendantistes, le plus souvent kanak, aux loyalistes, le plus souvent caldoches. «Kanak», «caldoche», ces termes réapparaissent dans la presse métropolitaine. Libération revient sur ces mots associés à différentes communautés d’appartenance qui peuplent l’île. Notre article
Les dates clés qui ont marqué l’histoire du «Caillou»
La Nouvelle-Calédonie est prise dans un tourbillon de violences qu’elle n’avait plus connu depuis celles, meurtrières, des années 1980. La question du corps électoral se trouve à l’origine des troubles divisant loyalistes et indépendantistes depuis plus de quarante ans. Retour en huit dates sur l’histoire de ce territoire du Pacifique, depuis sa colonisation par la France jusqu’aux derniers scrutins d’autodétermination. Notre article
Le nickel au cœur de la crise
Découvert en 1864, le nickel a façonné l’histoire, le paysage et la santé politico-économique de la Nouvelle-Calédonie. L’industrie s’est rapidement développée grâce à la mise au point des aciers au nickel, en pleine course aux armements. Un essor permis par l’envoi dans les mines de condamnés, puis, plus tard, de travailleurs asiatiques. La Nouvelle-Calédonie détient entre 20% et 30% des ressources mondiales de ce métal blanc argenté, de plus en plus utilisé dans les batteries des véhicules électriques. Une richesse considérée comme stratégique pour la souveraineté de l’industrie automobile française. Notre article
Qu’est-ce que la CCAT, cette organisation qualifiée de «mafieuse» par Gérald Darmanin ?
Créée fin 2023, la Cellule de coordination des actions de terrain est la branche la plus radicale du Front de libération Kanak socialiste (FLNKS), groupement de partis créé dans les années 80 ayant pour objectif central l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. C’est elle qui est à l’origine des dernières manifestations importantes qui ont eu lieu sur l’archipel. En avril, la CCAT a revendiqué avoir rassemblé jusqu’à 60 000 personnes (près d’un quart de la population calédonienne) place de la Paix à Nouméa pour un sit-in afin de dénoncer l’ouverture voulue par le gouvernement du corps électoral lors des prochaines élections provinciales. Notre article
A quoi serviraient une révision de la Constitution et le «dégel» du corps électoral?
Décisive en Nouvelle-Calédonie, où les trois provinces détiennent une grande partie des compétences, l’élection provinciale répond à une organisation atypique, issue de l’accord de Nouméa signé en 1998 puis d’une réforme constitutionnelle de 2007. Conformément à l’article 77 de la Constitution, le corps électoral de ce scrutin est en effet gelé : il se limite essentiellement aux électeurs inscrits sur les listes lors du référendum d’autodétermination de 1998 et à leurs descendants, excluant de facto les résidents arrivés après 1998 et de nombreux natifs. Au fil des ans, ces conditions restrictives ont fait augmenter la proportion d’électeurs privés de droit de vote au scrutin provincial alors qu’ils sont autorisés à voter aux élections nationales (présidentielle, municipales…). En 2023, cela concernait ainsi près d’un électeur sur cinq, contre seulement 7,5 % en 1999. Notre article
Qu’est-ce que l’état d’urgence décrété par Emmanuel Macron ?
Après deux nuits d’émeutes, le chef-de l’Etat a déclaré l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie le 15 mai. Il s’agit d’un régime d’exception controversé qui doit être déclaré par décret pris en Conseil des ministres. Il résulte d’une loi votée en 1955, au commencement de la guerre d’Algérie. L’état d’urgence peut être déclaré sur tout ou une partie du territoire, soit en cas de «péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public», soit en cas de «calamité publique» (telle qu’une catastrophe naturelle). L’état d’urgence possède une durée initiale de douze jours, mais peut être prolongé par une loi votée au Parlement. L’objectif : renforcer les pouvoirs des autorités civiles tout en restreignant certaines libertés publiques ou individuelles. Notre article
Suspension de TikTok : intérêt, application, légalité… Les questions sur cette décision
Pour couper l’accès à un réseau social, le gouvernement peut se prévaloir de l’état d’urgence qui permet «d’interrompre un service de communication au public en ligne». Mais le blocage reste très encadré. En effet, le texte relatif à l’état d’urgence stipule que le ministère de l’Intérieur peut bloquer un service de communication en ligne uniquement dans le cadre d’actes de terrorisme ou de leur apologie. Au niveau européen il peut aussi se prévaloir du Digital Service Act. Des juristes contestent les bases légales de cette interdiction. Notre article