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Sécurité

Nouvelle-Calédonie : l’archipel visé par une cyberattaque «inédite», possiblement menée par la Russie

L’attaque a eu lieu «peu après» l’annonce par le président Emmanuel Macron de sa venue sur l’archipel français explique ce mercredi 22 mai le gouvernement calédonien. Elle est désormais circonscrite.
Un barrage routier indépendantiste dans le quartier de Magenta Tour à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, le 22 mai 2024. (Théo Rouby/AFP)
publié le 22 mai 2024 à 10h33

La Nouvelle-Calédonie a été la cible d’une «cyberattaque d’une force inédite» ce mercredi 22 mai, selon le gouvernement de l’archipel. «Un fournisseur d’accès (à internet) a subi une attaque de l’extérieur sur une adresse IP avec le but de saturer le réseau calédonien», a expliqué Christopher Gygès, membre (Les Loyalistes) du gouvernement collégial local, lors d’une conférence de presse. Il impute cette cyberattaque à la Russie, auprès de nos confrères de BFMTV. «Des millions d’emails ont été envoyés de manière simultanée sur une adresse mail», a encore précisé l’homme politique anti-indépendantiste, avant d’affirmer que les «équipes de l’État et de l’OPT (office des postes et télécommunications) ont réussi à stopper cette attaque avant qu’il y ait des dégâts importants».

De son côté, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) a tenu à tempérer l’ampleur de l’attaque, dite «par déni de service» - qui vise à rendre inaccessible un serveur par l’envoi de multiples requêtes jusqu’à le saturer. L’agence précise qu’elle n’a duré que «quelques heures» contre l’opérateur télécom de l’archipel, sans «conséquence dans la durée». «Il n’y a pas d’intrusion dans les systèmes d’information de l’opérateur concerné, ni de ses différents clients.» Elle appelle à une «extrême prudence» sur son origine.

Cette cyberattaque intervient quelques heures après l’annonce ce mardi 21 mai en fin de matinée du déplacement d’Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie. Le chef de l’État a quitté Paris dans la soirée pour tenter d’apaiser la situation dans l’archipel, théâtre d’émeutes inédites depuis 1988.

Interrogé dans Télématin sur de possibles ingérences étrangères visant l’archipel jeudi 16 mai dernier, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait alors pointé du doigt l’Azerbaïdjan. «Sur l’Azerbaïdjan, ce n’est pas un fantasme, c’est une réalité», avait-il exprimé, en regrettant «qu’une partie des indépendantistes calédoniens aient fait un deal avec l’Azerbaïdjan». Une mise en cause que l’État du Caucase dénonce comme «infondée».

Plusieurs éléments mettent en lumière des corrélations entre Azerbaïdjan et indépendantistes kanaks. Des comptes azerbaïdjanais ont par exemple relayé en masse un montage accusant la police d’avoir tué une jeune femme. Des drapeaux de l’ancienne république soviétique ont aussi été vus dans les cortèges, certains manifestants arborant également des t-shirts aux couleurs de l’Azerbaïdjan.

L’Azerbaïdjan, reproche à Paris son soutien à l’Arménie et avait convié les indépendantistes de Martinique, Guyane, de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française en juillet 2023, à Bakou. De cette conférence était né le «Groupe d’initiative de Bakou» qui vise à soutenir «les mouvements de libération et anticolonialistes français». Ce groupe a ainsi condamné mardi 14 mai «l’arrestation des Kanaks et les actes de violence des autorités françaises contre les civils en Nouvelle-Calédonie».

Des déstabilisations en métropole

La France, cible répétée d’ingérences étrangères ? Selon une information du Canard enchainé ce mardi 21 mai, les enquêteurs de la préfecture de police de Paris soupçonnent la Russie d’avoir commandité les actes de vandalisme sur le Mur des Justes. Ce lieu de mémoire au cœur de Paris avait été recouvert de dessins de mains rouges dans la nuit du 13 au 14 mai.

En octobre dernier, ce sont des dizaines de tags antisémites qui avaient été découverts dans et autour de Paris. Des étoiles de David taguées sur des immeubles par un couple de Moldaves. Une opération commanditée par le FSB russe.

Mise à jour à 18 h avec les déclarations de l’Anssi.