Le leader kanak Christain Tein a quitté jeudi 12 juin dans la soirée le centre pénitentiaire de Mulhouse-Lutterbach sans faire de déclaration quelques heures après sa libération prononcée par la cour d’appel de Paris, une victoire juridique pour le camp indépendantiste. En détention provisoire depuis un an dans l’enquête sur les émeutes mortelles en Nouvelle-Calédonie au printemps 2024, a été libéré jeudi par la cour d’appel de Paris. Trois autres militants indépendantistes détenus dans l’Hexagone, Dimitri Qenegei, Guillaume Vama et Erwan Waetheane, bénéficient également de cette mesure.
«Enfin des juges [ont] compris le fond du dossier», s’est réjoui Me François Roux, qui défend le militant. «C’est une première victoire mais le combat continue», a ajouté son deuxième avocat, Me Florian Medico. Le militant de 57 ans, qui comparaissait en visioconférence depuis le centre pénitentiaire de Mulhouse-Lutterbach (Haut-Rhin), s’est engagé à «répondre aux convocations de la justice» et à vivre chez sa compagne en Alsace.
«Voir des indépendantistes être traités de terroristes…»
L’avocate générale avait requis son maintien en détention provisoire, «unique moyen d’éviter une concertation frauduleuse» et pour garantir que Christian Tein, présenté comme «le commanditaire» ayant diffusé «un mot d’ordre», réponde aux convocations de la justice.
Pour son avocat, au contraire, «le dossier est vide» et les trois magistrats instructeurs ont pris la «décision unanime» de le remettre en liberté. «On ne reproche à monsieur Tein que des discours politiques, militants. Il n’a jamais, jamais appelé à prendre les armes, à la violence, à porter atteinte aux intérêts de l’Etat», a assuré Me Medico. «Vous êtes en présence d’un dossier de décolonisation suivi par les Nations unies et voir des indépendantistes être traités de terroristes…», s’est désolé Me Roux.
Chronologie
Les trois juges d’instruction du tribunal de Paris, chargés des investigations, avaient ordonné le 3 juin la remise en liberté sous contrôle judiciaire des militants, estimant qu’à ce stade de la procédure, il n’est pas démontré que les mis en examen auraient préparé un attroupement armé ou un groupement violent, avait indiqué à l’AFP une source proche du dossier. Mais le parquet s’y était opposé, jugeant au contraire que les quatre hommes avaient joué un rôle central dans les émeutes qui ont éclaté le 13 mai 2024 en Nouvelle-Calédonie, faisant 14 morts, dont deux gendarmes, et plus de deux milliards d’euros de dégâts.
«Prisonnier politique»
Christian Tein, élu en août président du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), une alliance des différentes composantes de la sphère indépendantiste kanak, a toujours nié avoir appelé à commettre des violences et se présente comme un «prisonnier politique».
Il est le chef de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), une organisation que la justice soupçonne d’être derrière les émeutes qui ont éclaté le 13 mai 2024 en Nouvelle-Calédonie, faisant 14 morts, dont deux gendarmes, et plus de deux milliards d’euros de dégâts. L’affaire lui avait valu sept mises en examen, notamment pour complicité de tentative de meurtre et association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime.
Mise à jour : à 8 h 21 avec le départ de Christian Tein de la prison de Mulhouse.