La mesure, portée par le gouvernement, exacerbe les tensions entre loyalistes et indépendantistes sur l’archipel. Le Sénat a approuvé ce mardi 2 avril dans l’après-midi une révision constitutionnelle sensible sur l’élargissement du corps électoral du scrutin provincial de Nouvelle-Calédonie.
La chambre haute a adopté ce projet de loi constitutionnelle en première lecture à 233 voix contre 99, malgré l’opposition des trois groupes de gauche. La réforme est désormais transmise à l’Assemblée nationale. La chambre basse devra la voter dans les mêmes termes, sinon le texte connaîtra une nouvelle navette parlementaire.
Reportage
Assez technique, cette révision constitutionnelle est aussi décisive que contestée. Il s’agit de permettre à tous les natifs de Nouvelle-Calédonie, ainsi qu’aux résidents établis depuis au moins dix ans, de voter aux élections provinciales, essentielles sur l’archipel où les trois provinces détiennent une grande partie des compétences.
Etabli en 1998 par l’accord de Nouméa, le corps électoral de ce scrutin est gelé, ce qui a pour conséquence, 25 ans plus tard, de priver de droit de vote aux provinciales près d’un électeur sur cinq…
Manifestation à Nouméa
Mais ce volet législatif, examiné à 17 000 kilomètres de Nouméa, reste surtout lié à un contexte local très inflammable. L’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie reste en effet toujours en suspens : les négociations entre mouvements indépendantistes et non-indépendantistes sont à l’arrêt depuis plusieurs mois, alors que le prochain scrutin provincial est censé se tenir avant le 15 décembre.
La situation économique est tout aussi sensible, avec une filière nickel en grande difficulté et un projet controversé de taxe carburant, finalement retiré à la demande du gouvernement calédonien et de son président indépendantiste Louis Mapou après plusieurs jours de blocage des dépôts de carburant.
Plusieurs milliers de partisans de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie (6 000 selon le Haut-commissariat de la République de l’archipel, 30 000 selon les organisateurs) ont manifesté mardi à Nouméa contre leur «marginalisation», continuant de s’opposer à cette réforme constitutionnelle qui pourrait bouleverser les rapports de force politiques en leur défaveur.