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Tensions

Nouvelle-Calédonie : les indépendantistes veulent le «départ immédiat des forces françaises»

Le Front de libération nationale kanak socialiste demande, mercredi 17 juillet, le départ des 3 500 policiers, gendarmes et militaires envoyés depuis mai dans l’archipel pour apaiser les tensions.
Une manifestation indépendantiste à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, le jeudi 11 juillet. (Delphine Mayeur/AFP)
publié le 17 juillet 2024 à 13h04

«Il ne peut y avoir de désescalade si l’on maintient la répression militaire et policière. La seule solution est politique», a déclaré Laurie Humuni, secrétaire générale du Rassemblement démocratique océanien (RDO) qui assure actuellement l’animation du Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS). Ce front regroupe la grande majorité des mouvements indépendantistes de Nouvelle-Calédonie. Il tenait une conférence de presse le mercredi 17 juillet pour exprimer sa position sur la situation dans l’archipel depuis les émeutes liées à la réforme du corps électoral décidée en mai, et suspendue en juin, qui ont fait dix morts dont deux gendarmes.

Le Front a également souhaité le départ du haut-commissaire de la République Louis Le Franc et du procureur Yves Dupas, «sources évidentes d’instabilité», ainsi que le «rapatriement de nos prisonniers politiques». Sept militants de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) sont accusés d’avoir organisé les violences qui secouent l’archipel depuis le 13 mai et ont été placés en détention provisoire en métropole le 23 juin. Deux sont sortis de prison depuis mais restent sous contrôle judiciaire dans l’Hexagone.

Le FLNKS a par ailleurs demandé au président de la République de «mettre en œuvre toutes les conditions nécessaires à la reprise d’un dialogue serein et sincère», avant de réagir aux propos de Sonia Backès, présidente de la province Sud, qui a proposé le 14 juillet une «autonomisation» des provinces face au «constat d’échec du vivre-ensemble».

«Madame Backes veut instituer l’apartheid social qui règne à Nouméa au niveau du territoire. Nous disons que notre pays est un et indivisible, mais aussi multiculturel», a indiqué Laurie Humuni. Le FLNKS doit prochainement tenir un congrès très attendu, le premier depuis le début des violences. Initialement prévu le 15 juin, il n’avait pu se tenir en raison d’une présence trop importante de militants de la CCAT qui n’avaient pas été conviés. Décalé à plusieurs reprises, une nouvelle date doit désormais être annoncée.

«Il nous faut du temps pour nous retrouver», a commenté Laurie Humuni. Mardi soir, l’église de la mission de Saint-Louis (Mont-Dore) a été incendiée, non loin du presbytère – incendié vendredi – où Rock Victorin Wamytan, dit «Banane», a été tué dans un échange de tirs avec les gendarmes le 10 juillet. Un acte «regrettable» pour Laurie Humuni, qui a également été condamné par les non-indépendantistes. «L’inacceptable a été commis», écrivent les Loyalistes dans un communiqué publié mercredi. Rock Victorin Wamytan doit être inhumé jeudi 18 juillet au cimetière de la tribu de Saint-Louis.