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Nouvelle-Calédonie : Macron «suspend» la réforme électorale contestée

En conférence de presse, ce mercredi 12 juin, le chef de l’Etat a annoncé «suspendre» le projet de dégel du corps électoral à l’origine des émeutes sur l’île depuis un mois.
Conférence de presse d'Emmanuel Macron ce mercredi 12 juin à Paris. (Albert Facelly/Libération)
publié le 12 juin 2024 à 13h27
(mis à jour le 12 juin 2024 à 13h44)

Le président de la République a enfin prononcé les mots tant attendus à Nouméa. La réforme du corps électoral qui avait mis le feu aux poudres en Nouvelle-Calédonie est «suspendue», a annoncé Emmanuel Macron mercredi 12 juin, lors de sa conférence de presse. Ce projet de loi constitutionnelle entendait élargir la liste des électeurs – gelée depuis 2007 – aux scrutins provinciaux, cruciaux sur le territoire. De quoi bouleverser les équilibres, dans les urnes, entre indépendantistes et unionistes. Environ 25 000 habitants, natifs ou résidents depuis dix ans, auraient pu intégrer la liste électorale, au risque de marginaliser le peuple autochtone kanak, accusent les indépendantistes. L’annonce du projet de réforme a provoqué des émeutes et des violences sans précédent depuis les années 80 sur le «Caillou».

Après les votes du Sénat le 2 avril et de l’Assemblée nationale le 14 mai, le projet devait encore être adopté par le Parlement réuni en Congrès à Versailles. Un scénario rendu hautement improbable par la dissolution surprise de l’Assemblée nationale. De facto, le chef de l’Etat ne peut convoquer de Congrès depuis la dissolution de l’Assemblée. «Nous pouvons convenir ensemble que les élections européennes auront eu raison de la loi constitutionnelle», a écrit le Parti de libération kanak (Palika), dans un communiqué publié ce mercredi. «Il faut que chacun admette désormais» que cette réforme «et le calendrier qui lui est adossé sont bel et bien caducs», poursuit ce mouvement indépendantiste modéré, en appelant à «lever les barrages et les blocages».

Flambée de violences

«En théorie, il serait tout à fait envisageable de pouvoir poursuivre le processus de révision constitutionnelle ultérieurement, une fois que l’Assemblée nationale sera de nouveau constituée», relève Léa Havard, maître de conférences en droit public à l’université de la Nouvelle-Calédonie. «D’un point de vue strictement juridique, ce n’est pas impossible. Mais d’un point de vue politique, ça n’a pas vraiment de sens», explique la professeure.

«J’ai décidé de suspendre [le projet] parce qu’on ne peut pas laisser l’ambiguïté dans la période», a confirmé le chef de l’Etat ce mercredi, affirmant vouloir «donner toute sa force au dialogue sur place et au retour à l’ordre». La flambée de violences en Nouvelle-Calédonie aura fait neuf victimes en un mois. Mardi, un homme, blessé le 29 mai par un gendarme au nord de Nouméa a succombé à ses blessures. L’homme, qui avait ouvert le feu sur les forces de l’ordre, avait été blessé par balles par le GIGN.