Moins de deux mois après un déplacement sur le «Caillou» où elle n’a pas convaincu grand monde, la patronne du Rassemblement nationale Marine Le Pen a critiqué ce dimanche 13 juillet l’accord conclu la veille sur la Nouvelle-Calédonie.
«Si, à brève échéance, cet accord conjure sans doute le risque du pire, il n’en demeure pas moins profondément ambigu, comme l’était en son temps l’accord de Nouméa», estime la cheffe des députés d’extrême droite dans un communiqué. Selon elle, ce texte «ne peut que faussement satisfaire les deux principales parties prenantes de la vie publique calédonienne», indépendantistes et loyalistes.
Billet
Cet accord, annoncé comme «historique» samedi, acte la création d’une nationalité calédonienne, les habitants répondant aux critères de citoyenneté du Caillou bénéficiant de la double nationalité française et calédonienne. Un «État de la Nouvelle-Calédonie» inscrit dans la Constitution de la République française sera créé et pourra être reconnu par la communauté internationale.
Pour cela, il faudra que soit voté un projet de loi constitutionnelle, qui devra être adopté par le Parlement réuni en Congrès.
Aux yeux de Marine Le Pen, qui se veut très investie sur le sujet des Outre-mer, cela «constitue un exercice d’équilibrisme juridique et politique difficilement compréhensible et donc périlleux, tant en Calédonie même que pour l’effet de contagion qu’il est susceptible de provoquer dans l’ensemble des outre-mers». «Soucieux de l’intérêt général, le Rassemblement national s’attachera à l’Assemblée nationale à lever toutes les ambiguïtés de ce texte et à proposer toutes les améliorations qui lui paraissent s’imposer», ajoute-t-elle.
«C’est possible qu’on le vote, mais c’est possible qu’on ne le vote pas»
Un peu plus tôt dans la journée, le député RN Jean-Philippe Tanguy avait déclaré sur LCI que le parti d’extrême droite pourrait ne pas voter la modification de la Constitution. «C’est possible qu’on le vote, mais c’est possible qu’on ne le vote pas. Dans les annonces grand public qui ont été faites autour de cet accord, nous avons de vives inquiétudes sur les mots qui sont employés. Évidemment, créer un État au sein de l’État français, ça pose une question importante. Créer une nationalité à côté de la nationalité française, ça pose une question fondamentale», a-t-il dit.
«D’ores et déjà, au-delà des détails politiques et de souveraineté de l’accord, le volet économique nous semble extrêmement fragile», a également mis en garde Jean-Philippe Tanguy. «Le diable se cache dans les détails», a ajouté l’élu.
Dans le rétro
L’accord, qui doit d’abord être entériné en Nouvelle-Calédonie par les partis et les mouvements qui l’ont signé, et qui doivent consulter leur base, aborde l’économie avec un futur «pacte de refondation économique et financière» qui prévoit notamment un «plan stratégique» pour le nickel, ressource-clé du territoire en difficulté, mais reste vague dans les ambitions et les termes.
Si la majorité de la classe politique, du PS à LR, a salué cet accord, le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a de son côté fait entendre de la prudence samedi. Il a estimé nécessaire de «procéder à une étude approfondie du document conclu sur la Nouvelle-Calédonie Kanaky ainsi que des réactions des parties prenantes». «Mais il sera essentiel d’analyser les conséquences sur le statut constitutionnel de la France», a-t-il prévenu.