Menu
Libération
Dans le rétro

Nupes aux Européennes : des divergences déjà étalées lors de l’Université Libé

Alors que Jean-Luc Mélenchon a, une nouvelle fois, appelé à l’union dans une interview à «20 minutes», le chef des insoumis Manuel Bompard et la patronne des écolos Marine Tondelier avaient eu l’occasion de débattre du sujet lors de la première édition de l’Université Libé.
Lors de l'université Libé, mercredi 31 mai à Paris. (Albert Facelly/Libération)
publié le 5 juin 2023 à 20h18

Le temps passe et les électeurs de gauche ne sont toujours pas plus avancés. Auront-ils l’occasion de glisser un bulletin Nupes pour les élections européennes prévues du 6 au 9 juin prochain ? Ou devront-ils se tourner vers ceux de leurs familles politiques respectives parties chacune de leur côté ? La question agite les dirigeants de l’union nouée en juin 2022 pour les législatives depuis de longs mois déjà. Sans que les positions des uns et des autres ne bougent d’un iota. Dans une interview à 20 minutes, parue dimanche 5 juin, Jean-Luc Mélenchon a de nouveau fait comprendre aux réfractaires à l’union qu’à ses yeux, une liste commune serait plus que souhaitable. Sans ça, ce pourrait être la fin de la Nupes estime-t-il. «[Elle] est en péril si elle n’est même plus un accord électoral. S’il n’y a pas d’union aux européennes, il n’y en aura pas non plus aux municipales. Pourquoi y en aurait-il une à la présidentielle ? Les petits intérêts de partis ont des limites !», a-t-il grincé.

Rien de bien nouveau donc. Le même manège se déroule depuis des mois. Dans la presse – souvent le dimanche – les insoumis, favorables à une liste unique tentent de convaincre leurs camarades, notamment écologistes à accepter l’idée d’un accord. Lesquels répondent la semaine suivante qu’ils ne veulent pas mais rassurent la troupe de Mélenchon : pas d’alliance aux européennes ne veut pas dire fin de la Nupes. Après une réunion tendue le 2 mai dernier durant laquelle la délégation écolo n’a pas manqué de faire savoir aux insoumis qu’ils en avaient assez de leur insistance et de leur argumentaire, Marine Tondelier et Manuel Bompard ont pu, pour la première fois en parler en public lors de la première édition de l’Université Libé à la Sorbonne mercredi dernier.

L’unité pour être crédible

Le sujet avait été mis sur la table par le coordinateur de la France insoumise lui-même avant même que nos journalistes aient le temps de lancer les quatre chefs de parti sur la question. Interrogé sur «comment élargir la Nupes ?», le député des Bouches-du-Rhône expliquait : «pour être crédible, il faut faire en sorte que notre coalition apparaisse comme stable et qu’elle ne varie pas en fonction des échéances électorales». Puis il poursuivait : «si on veut apparaître comme une alternative crédible porteuse d’espoir pour tourner la page Macron et faire en sorte que ce ne soit pas l’extrême droite qui l’emporte, il faut que notre alliance soit identifiée, pas qu’à chaque élection on soit obligé de recommencer le travail en disant “non, non, en fait on est d’accord, même si avant on n’était pas d’accord”».

Mais toujours pas de quoi convaincre Marine Tondelier. Après avoir sagement écouté le développement de «Manu», la secrétaire nationale d’Europe Ecologie - Les Verts se lance à son tour dans son argumentaire. Selon elle, le mode de scrutin permet aux différents partis de gauche de se lancer dans la bataille chacun de leur côté. «Contrairement à la présidentielle, c’est une élection […] proportionnelle à un tour. C’est-à-dire que personne n’empêche personne d’être au deuxième tour […] c’est une seule élection, où l’on peut voter ce qu’on a envie de voter et sans être dans des calculs permanents à quatre bandes», explique-t-elle.

«Différences d’approches»

Selon Marine Tondelier, il y a une vraie «différence d’approche» dans ces élections européennes. Il y a d’un côté LFI qui ne l’envisagerait que comme une étape pour solidifier la Nupes. Et de l’autre, les Verts qui la perçoivent comme nécessaire pour aborder certains sujets. «Quand on est écolo, l’élection européenne, est la seule élection où l’on peut parler de l’Europe. Et quand on s’appelle Europe Ecologie-les Verts, c’est quelque chose d’important. Pas seulement parce qu’on est des amoureux béats de l’Europe, mais parce que cela concerne les défis auxquels on fait face, et notamment les défis climatiques, de biodiversité et de santé environnementale aussi», affirme la Nordiste. Tondelier se dit même «triste» face à l’angle pris à gauche et par les journalistes pour parler du scrutin. «Depuis des mois on ne vient me parler d’Europe que pour aborder des petites tambouilles électorales, des questions stratégiques mais pas le fond du problème et de ce que l’Europe peut apporter», regrette-t-elle.

Alors que les pro-liste uniques, et Jean-Luc Mélenchon le premier, agitent les sondages pour justifier leurs positions, Marine Tondelier estime que les enquêtes d’opinion sont réalisées à partir de scenarii qui n’ont rien à voir avec ce que pourrait être la réalité. Une liste unitaire siglée Nupes entraînerait automatiquement des dissidences prédit-elle. Notamment du côté des socialistes et des écologistes. «Je peux même déjà vous dire qu’il y aura. Et je pense qu’Olivier [Faure] peut vous dire à peu près pareil. On connaît déjà les noms», souffle-t-elle. Dans une telle situation, une liste unique ne ferait pas beaucoup mieux que 19 % croit l’écologiste. Et de conclure : «dans ce cas-là, même avec nos sourires, avec notre conviction et même avec nos beaux meetings, avec ces listes dissidentes, on ne fait que 19 %. Et quand vous avez fait 19 % tout mouillés, je vous souhaite bien du courage pour expliquer que c’est vous l’espoir pour 2027».