«C’est pas moi, c’est eux.» «C’est pas nous, c’est lui.» Déjà fréquentes depuis de longs mois, les passes d’armes entre La France insoumise et le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, semblent avoir franchi un nouveau stade ces derniers jours. Le petit manège n’est pas nouveau : le chef des communistes tire à boulets rouges sur la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), les insoumis attaquent en retour le député du Nord. Mais cette fois, il est carrément question de «sortie de l’alliance». Accusé par le parti mélenchoniste d’avoir rompu l’accord noué en mai 2022 à gauche, Roussel a corrigé ce lundi 2 octobre sur BFMTV-RMC. Il ne s’est pas privé de tacler ses «camarades» au passage : «C’est eux [les membres de LFI] qui veulent me mettre dehors, qui veulent d’ailleurs finir seuls peut-être.»
💬 "Nupes or not Nupes, that is not the question"
— BFMTV (@BFMTV) October 2, 2023
Fabien Roussel (@Fabien_Roussel) affirme que le PCF "n'est jamais sorti" de la coalition pic.twitter.com/Tg6FzMWzAk
Le patron des communistes fait référence au courrier du coordinateur de LFI, Manuel Bompard, adressé la semaine dernière aux écolos, aux socialistes et à Génération⋅s (excluant donc le PCF) dans lequel il dit notamment «regretter la décision de Fabien Roussel de quitter la Nupes». En cause, selon Bompard, l’annonce du chef des communistes de «listes séparées à toutes les élections jusqu’à 2027 et sa candidature solitaire à l’élection présidentielle». Ce dimanche, il a remis une pièce dans la machine sur Europe 1. «Je prends acte du fait qu’il considère qu’il n’a plus rien à voir avec la Nupes […], qu’il a décidé de quitter la Nupes», a déclaré le député de Marseille. Juste après, sur LCI, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé le «grand malaise à gauche» vis-à-vis de «certaines déclarations» de Roussel.
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«Ça va bien se passer Manu, no problem»
Mais pour le communiste, les choses semblent bien différentes. Bompard «peut écrire ce qu’il veut, la réalité est autre.[…] Nous nous battons ensemble.[…] Je vais lui dire : “Ça va bien se passer Manu, no problem”», a-t-il affirmé ce lundi matin sur BFMTV-RMC. Sans toutefois montrer un attachement particulier à la Nupes, loin de là. Depuis des mois, le député du Nord répète à l’envi qu’elle est «dépassée». A chaque micro tendu, le rouge ne retient pas non plus ses coups contre LFI et son leader. Comme lorsque, invité de Quelle époque ! sur France 2 samedi soir, il a assuré que «la gauche ne gagnera pas avec Jean-Luc Mélenchon». Roussel veut représenter «une gauche républicaine, laïque, universaliste» que ne serait pas, selon lui, celle des insoumis. Lesquels ne sont pas les derniers à tacler le chef du PCF. Allant parfois, comme l’a fait la députée Sophia Chikirou, jusqu’à le comparer à l’ancien collabo Jacques Doriot.
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Fabien Roussel, qui fonce vers une nouvelle candidature à la prochaine présidentielle de 2027, va à contre-courant de la ligne du reste de la Nupes qui, malgré des divergences sur les européennes, garde – pour l’instant – l’objectif de ne présenter qu’une candidature pour toute la gauche à l’élection suprême. «C’est une question de projet pour la France. Moi, je ne tiens pas le discours de la décroissance. On doit construire des logements, des crèches, des hôpitaux, faire des lignes Lyon-Turin… et pour reconstruire notre économie, l’investissement dans le nucléaire est le point clé. Je demande le droit de défendre un tel projet à la présidentielle avec toutes celles et ceux qui le souhaitent», justifiait Fabien Roussel à Libération mi-septembre. Une grave erreur pour les insoumis. Depuis le soir du premier tour de la dernière présidentielle, ces derniers accusent le communiste et ses 2,28 % d’avoir empêché la qualification de Jean-Luc Mélenchon au second tour. «Il m’a fait les poches», contredit Roussel, expliquant que nombre de ses potentiels électeurs se sont tournés vers l’insoumis «à cause du vote utile». Encore une fois, tout est une question de point de vue.