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Crise

Olivier Faure annonce vouloir suspendre la participation du PS à la Nupes

Le patron du Parti socialiste affirme ce mardi 17 octobre qu’il proposera à sa formation un «moratoire» sur la participation des roses à l’union de la gauche, jusqu’à ce que la direction de LFI clarifie sa position sur le Hamas et qu’elle se montre ouverte à changer de méthode.
Lors de la réunion du «parlement» du PS mardi soir, le premier secrétaire proposera un «moratoire» sur les travaux de l’intergroupes de la Nupes. (Ludovic Marin/AFP)
publié le 17 octobre 2023 à 8h55
(mis à jour le 17 octobre 2023 à 11h19)

Cette fois, on y va. En crise, la Nouvelle Union populaire écologiste et sociale (Nupes) est entrée dans sa phase terminale. Ce mardi 17 octobre devrait marquer la fin de l’union électorale et politique signée en mai 2022 entre le PS, EE-LV, le PCF et LFI. Le premier secrétaire du Parti socialiste a annoncé sur France Inter qu’il proposerait dans la soirée aux membres de son conseil national – l’équivalent du parlement du PS – un «moratoire» sur l’engagement de son parti dans l’union de la gauche. «Je suggérerai que tant que nous n’avons pas réussi à obtenir une clarification nous ne participerons plus aux travaux de l’intergroupes de la Nupes», a-t-il ainsi expliqué.

Depuis le 7 octobre et l’attaque du Hamas sur Israël, la Nupes – déjà soumise à des tensions internes notamment à la question des élections européennes de l’an prochain – semble se diriger vers l’implosion. Communistes, écologistes, socialistes et même une partie des insoumis ont reproché au premier cercle mélenchoniste de refuser de qualifier le Hamas d’organisation terroriste. Un sujet qui, couplé aux différentes critiques sur la méthode de «brutalisation» mise en place par certains élus de LFI, a poussé les plus unionistes à réinterroger leur participation à la Nupes.

«Mélenchon ne peut plus prétendre incarner l’ensemble de la gauche»

Sur France Inter ce mardi, Olivier Faure a dénoncé la «stratégie posée par Jean-Luc Mélenchon de tout conflictualiser, de faire en sorte qu’à tout moment il y ait un clivage net». «Jean-Luc Mélenchon, qui a pourtant incarné il y a un an et demi nos espoirs collectifs, ne peut plus prétendre être celui qui incarne l’ensemble de la gauche et de l’écologie», a également affirmé le patron du PS.

Pointé du doigt, l’insoumis en chef a répondu aux critiques du patron du PS sur X (anciennement Twitter). Pas sur sa méthode jugée brutale mais sur le conflit israélo-palestinien. «O. Faure rompt la Nupes pour fait personnel à mon sujet à propos d’Israël/Palestine. J’ai dit ma vision dans deux conférences et trois tweets. Chacun jugera. Je ne peux que répéter ici les mots d’ordre que j’ai adoptés avec lesquels Faure et le PS sont en désaccord : cessez-le-feu, libération des otages, corridor humanitaire, fin du blocus de Gaza, condamnation de tous les crimes de guerre et jugement des criminels par la CPI, solution politique de l’ONU avec deux Etats viables aux frontières sûres, France non-alignée», a-t-il développé.

Ce mardi soir, la proposition de «moratoire» du premier secrétaire devrait être validée sans aucun problème par le conseil national du Parti socialiste. Depuis les premières réactions de LFI à propos de la guerre entre le Hamas et Israël, les anti-Nupes du parti mettaient la pression sur Olivier Faure pour rompre avec les insoumis, à grands coups d’interviews et de tribunes dans la presse. Le courant Refondations de Nicolas Mayer-Rossignol, Anne Hidalgo et Carole Delga avait tenté de l’acter mardi dernier lors du bureau national du PS. Sans succès. La direction avait gagné un peu de temps. Le débat devait finalement se tenir samedi dernier mais le conseil national avait été reporté à cause de l’attentat d’Arras.

«Nous prenons acte de ce qu’a dit Olivier Faure ce matin», a affirmé la présidente du groupe LFI Mathilde Panot ce mardi en conférence de presse en se disant «assez consternée au vu de la gravité de la situation nationale et internationale». «Il n’est pas sérieux d’expliquer par un problème personnel, la méthode Mélenchon, leur départ de la Nupes, a-t-elle ajouté. Nous allons continuer à défendre le programme pour lequel nous avons été élus.» La députée du Val-de-Marne rappelle que les insoumis ont «fait des propositions à tout va» pour le fameux acte II de l’alliance mise sur le tapis par tous les partis après l’examen de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale. Elle ajoute : «Ce qui est problématique c’est de ne pas respecter le programme pour lequel nous avons été élu.» «J’espère que le PS reviendra», abonde Eric Coquerel. Le président de la commission des Finances plaide pour «une déclaration commune sur le fait que la France propose un cessez-le-feu et de rouvrir des négociations de paix».

Appel au dialogue

Mais pour le PS, «rupture» ne veut pas dire fin d’une union à gauche. Olivier Faure dit garder l’objectif d’une candidature unique pour la présidentielle de 2027. Pour cela, le député de Seine-et-Marne appelle «à un dialogue» afin d’aboutir à un nouveau rassemblement. «J’appelle à ce que celles et ceux qui veulent vraiment avancer puissent le faire ensemble, qu’ils ne soient plus contraints. La voix puissante de Jean-Luc Mélenchon a, à chaque fois, étouffé ce que nous construisions ensemble», a-t-il martelé. «Je souhaite que nous puissions construire le rassemblement sur des bases claires. Celles et ceux qui y sont prêts doivent dialoguer ensemble et on verra comment les choses se passent. Est-ce que ce sera la même Nupes ou une autre Nupes, on verra bien», selon le patron des roses.

Concrètement, le nouveau rassemblement qu’espère la direction du PS comprendrait les socialistes, les écologistes et les communistes, ainsi que les insoumis en rupture de ban avec la direction mélenchoniste comme François Ruffin, Clémentine Autain, Raquel Garrido ou Alexis Corbière.

Depuis plusieurs jours, les proches d’Olivier Faure n’ont de cesse de répéter que Jean-Luc Mélenchon et son premier cercle seraient désormais minoritaires au sein de la Nupes depuis leur prise de position critiquée sur le Hamas. Ce serait donc à eux de s’en aller et aux frondeurs de marquer une rupture avec leur mouvement. Problème, ces derniers n’y seraient pas encore prêts. «On ne peut pas partir comme ça. Un départ ça se prépare», soufflait l’un d’eux hier à Libé.

Mis à jour : à 11 h 18, avec la réaction de Jean-Luc Mélenchon.