Quand elle raconte son quotidien, Stéphanie Jobard alterne entre «je» et «on». Autant par pudeur sur son train de vie modeste que pour s’ancrer dans un collectif. Celui de nombre de travailleurs pour qui le salaire minimum (Smic) reste la seule ligne d’horizon salariale. Pull framboise et fines lunettes qui soulignent ses yeux clairs, la célibataire sans enfant vit à dix minutes à pied de la crèche où elle est agente technique depuis 2018 à Villeurbanne (métropole de Lyon). Son T1 lui coûte 550 euros par mois, auxquels s’ajoutent près de 250 euros de mutuelle, de factures d’eau, d’électricité et de gaz. «Je ne pars pas en vacances d’ordinaire car je ne peux pas, les locations sont trop chères en août. Avec l’augmentation des courses, on met moins d’huile d’olive dans les plats, on fait plusieurs magasins et on essaie d’en prendre quand il y a des promos.»
Gouvernante d’hôtel durant vingt ans, la quinquagénaire a quitté le secteur «fatiguée». «Dans la petite enfance, on a au moins le sourire.» Celle qui gagnait auparavant «1 500 euros et des bananes» a reçu en mars sa première feuille de paie gonflée de près de 150 euros. «Ça va faire du bien, on va pouvoir mettre de côté pour partir au moins une semaine, ou faire une ou deux sorties de plus», se réjouit cette adepte