«Nous avons ouvert (des enquêtes) sur 24 types de propos haineux», a déclaré Laure Beccuau sur BFMTV ce mardi 30 septembre. Ces enquêtes, dont l’ouverture est connue depuis vendredi soir, sont confiées à un office central «qui a compétence nationale» et «qui va nous permettre de regrouper toutes les procédures et d’aller chercher où qu’ils se trouvent les auteurs de ces propos», a-t-elle expliqué.
La procureure de Paris a évoqué un «déchaînement haineux, principalement sur les réseaux sociaux derrière lesquels, semble-t-il, un certain nombre de personnes tentent de se dissimuler derrière des pseudos». «C’est une fable, l’anonymat des réseaux sociaux n’existe pas : on les retrouvera», a-t-elle martelé.
«Spectre zéro de la pensée»
La procureure de Paris a encore qualifié «les réactions haineuses» visant des magistrats de «spectre zéro de la pensée». Une fois que les auteurs «auront été identifiés» sous la direction de son parquet, Laure Beccuau fera «une requête en dépaysement afin que ce soit une autre juridiction qui les juge». Ce dépaysement est une procédure classique, déjà appliquée dans des enquêtes de ce type ouvertes après des menaces ayant visé cette fois les magistrats du tribunal correctionnel de Paris ayant condamné Marine Le Pen à une peine de cinq ans d’inéligibilité avec application immédiate.
Après la demande de dépaysement du parquet de Paris, c’est celui de Bobigny qui a ainsi été chargé des investigations sur ces enquêtes. En avril, le tribunal correctionnel de Bobigny a ainsi condamné à huit mois de prison avec sursis un internaute de 76 ans pour outrage et provocation au meurtre pour un message en ligne contre la présidente du tribunal au procès du Rassemblement national (RN) et de Marine Le Pen.
«Il existe des procédures très claires»
Pour rappel, le procès en appel se tiendra du 13 janvier au 12 février 2026 dans cette affaire de paiement de salariés du parti avec l’argent du Parlement européen. Nicolas Sarkozy a lui été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à cinq ans d’emprisonnement avec incarcération prochaine pour avoir «laissé ses plus proches» démarcher la Libye de Muammar al-Kadhafi pour financer sa campagne victorieuse de 2007. Une lourde peine infligée par «haine» selon l’ancien chef de l’Etat.
Ses avocats dénoncent un procès politisé et mettent en avant la présence en 2011 à Nice de la présidente du tribunal - alors représentante locale d’un syndicat de magistrats - à une manifestation nationale du corps judiciaire ulcéré par les critiques de celui qui était alors président de la République. Ce «fait était connu des avocats de Monsieur Sarkozy», puisque «avant l’audience, il avait été repris» dans la presse, a relevé Laure Beccuau. «Il existe des procédures très claires qui permettent aux défenseurs d’écarter un magistrat dont on suspecterait l’impartialité : ça n’a pas été fait», a-t-elle ajouté.