Il semblait bien seul dans cet hémicycle. Devant un Sénat hostile, dépeuplé des élus du camp présidentiel qui l’ont quitté quelques minutes auparavant, Franck Riester continue de défendre le Comprehensive Economic and Trade Agreement, traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada mieux connu sous son acronyme Ceta. «C’est aujourd’hui une très mauvaise journée pour notre économie, pour nos exportateurs, pour nos agriculteurs», lance, le ton grave, le ministre délégué au Commerce extérieur. «Le débat aujourd’hui a donné un très mauvais coup à notre amitié avec le Canada et à notre économie française», conclut-il avant de rabattre de micro d’un geste sec. Une alliance inattendue entre la gauche et la droite vient de rejeter, à une large majorité (243 pour, 26 contre) et après cinq heures de discussions houleuses, la ratification de cet accord transatlantique qui s’applique depuis sept ans mais n’avait jamais fini – la faute à la pandémie – son processus français de ratification.
Dès le départ, ce débat autour du Ceta était inédit. Voté en 2017 par le Parlement européen et en 2019 par l’Assemblée nationale, ce texte de libre-échange avec le Canada