Une voix dans le débat, en mode vieux sage de l’île de Ré, qui ne manquera pas de faire réagir. L’ancien Premier ministre Lionel Jospin a appelé les socialistes et plus généralement la gauche à «ne pas voter la censure», alors qu’un 49.3 est attendu lundi sur le budget, et par conséquent une motion de censure mercredi, promise par une partie de la gauche dont LFI. «J’appelle, pour ce qui me concerne, les socialistes et même l’ensemble des forces de gauche à ne pas voter la censure», affirme cette figure tutélaire de la gauche, dans une interview à France 5 dont un extrait a été posté samedi 1er février sur les réseaux sociaux.
En cas de censure, «il se passerait que l’administration ne serait plus dirigée, que dans la situation financière dramatique qui est la nôtre, il n’y aurait ni budget ni loi de financement de la sécurité sociale», met-il en garde. «Qui pourrait faire face au drame de Mayotte, qui chercherait la réconciliation en Nouvelle-Calédonie, qui assurerait […] la sécurité ? Qui […] lancerait enfin ce plan contre le narcotrafic ?», a-t-il poursuivi. «Voter la censure aujourd’hui, effectivement, ne serait pas responsable», a-t-il conclu.
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Interrogé sur les propos du Premier ministre François Bayrou, qui a évoqué le «sentiment de submersion» migratoire des Français, ulcérant la gauche, Lionel Jospin relativise. Si le mot n’est «pas juste», et qu’il «comprend l’indignation» d’un Boris Vallaud par exemple, l’ancien locataire de Matignon juge qu’«on ne censure pas un gouvernement, on ne prive pas la France de gouvernement pour un mot». Dans la même interview, Lionel Jospin parle de Bruno Retailleau comme d’un «homme respectable» et «propose de voir, dans un an, combien il aura ramené chez eux de personnes en situation irrégulière dans notre pays».
Le PS salue «plusieurs reculs du gouvernement» mais les estime «largement insuffisants»
Les socialistes s’interrogent sur la stratégie à suivre, alors que le Premier ministre François Bayrou a annoncé son intention de faire usage de l’article 49 aliéna 3 de la Constitution pour faire adopter sans vote le budget de l’État et le budget de la Sécurité sociale, s’exposant à une ou des motions de censure.
Vendredi, députés et sénateurs réunis en commission mixte paritaire (CMP) se sont accordés sur une version commune du budget de l’État proche de la version adoptée au Sénat, et saupoudrée de rares concessions au PS, qui a voté contre. Dans un communiqué vendredi, les socialistes ont souligné avoir «obtenu plusieurs reculs du gouvernement» et observé que les engagements pris par le Premier ministre dans un courrier du 16 janvier étaient «tenus», même s’ils demeurent «largement insuffisants».
De son côté, La France insoumise (LFI) a dénoncé un budget «pire que le budget Barnier» à l’issue de cette CMP, exhortant les autres partis de gauche à censurer le gouvernement. Les communistes et les écologistes ont fait savoir leur intention de voter une motion de censure quand elle sera déposée.