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Libération
Le billet de Thomas Legrand

On peut regretter la décision du Conseil constitutionnel sans l’accuser d’avoir fait de la politique

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Si les neuf membres de l’institution avaient retoqué la réforme des retraites sous prétexte de débats parlementaires peu «clairs» et non «sincères», ils auraient également jugé en droit.

Manifestation devant le Conseil constitutionnel, le 13 avril à Paris. (Maunoury/ANDBZ.ABACA)
ParThomas Legrand
Éditorialiste - Politique
Publié le 17/04/2023 à 7h45

Il y a deux réactions agaçantes s’agissant de la décision du Conseil constitutionnel de valider la réforme des retraites et le passage aux 64 ans. Celle qui relaie le sentiment qu’il y aurait un gouvernement des juges partiaux et politiques. Les neuf «pas sages» auraient protégé, de leur décision, le pouvoir dont ils seraient globalement proches. L’autre réaction plus pernicieuse, face à ceux qui regrettent que ce projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale n’ait pas été entièrement retoqué, consiste à affirmer que, puisque c’est une décision, par nature juridique et non politique, toute critique serait politique et populiste, que remettre en cause la décision des neuf «sages» serait faire le jeu des extrêmes en alimentant la défiance envers nos institutions.

En réalité, il y avait des arguments juridiques, tout aussi constitutionnels, pour motiver une autre décision. On pouvait espérer une autre issue sans accuser le Conseil d’être une instance politique. On peut regretter, par exemple, que les juges constitutionnels n’aient tout simplement pas fait évoluer la jurisprudence qu’ils avaie