Un peu de lest. Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire (NFP) à Matignon, évoque ce mardi 13 août dans une interview au Parisien la nécessité pour l’alliance de la gauche de chercher des «accords» avec d’autres formations politiques, faute de majorité absolue à l’Assemblée nationale pour appliquer son programme. Si elle réfute toute «inflexion» sur le fond, elle admet que le programme du NFP «est notre base de travail mais [qu’]il a été construit pour l’exercice du pouvoir en cas majorité absolue». «Maintenant on n’est pas fous, on sait bien que notre majorité est relative», reconnaît la haute fonctionnaire de 37 ans. Depuis le succès de la gauche aux législatives, La France insoumise entend pourtant appliquer «le programme, rien que le programme et tout le programme».
«Sur cette base programmatique, on veut aller chercher des accords sur des sujets relatifs au pouvoir d’achat des Français, au renforcement des services publics de la santé et de l’éducation, à la bifurcation écologique», ajoute celle qui est à la tête de la Direction des finances de la mairie de Paris.
Le billet de Thomas Legrand
Lundi, la candidate de la gauche pour la primature avait envoyé un courrier aux parlementaires non-RN pour expliquer notamment que sa famille politique entendait «convaincre au-delà des rangs du NFP pour construire des majorités parlementaires». Selon elle, ce texte représente une «main tendue».
Lucie Castets y mentionnait notamment le fait d’«augmenter» le smic alors que le programme du NFP - conçu avant les élections législatives où l’alliance de gauche a remporté 193 sièges à l’Assemblée - prévoyait de le porter à 1 600 euros. «Cela reste des horizons», se justifie-t-elle auprès Parisien. Idem concernant le retour de l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF), qui ne figure pas dans sa lettre de lundi : «Notre objectif est de procéder une forme de cadencement en fonction de ce qui est faisable à court et à moyen terme, de toujours prévoir des recettes en face des dépenses», avance désormais la candidate du Nouveau Front populaire.
Travailler avec «tout le monde»… sauf le RN
Affirmant au passage avoir reçu «des messages informels de députés Renaissance qui n’ont pas forcément envie d’avoir un gouvernement de droite qui ne perdurerait que grâce au soutien plus ou moins tacite du RN», Lucie Castets soutient également souhaiter «travailler avec tout le monde mais on n’ira pas chercher des compromis avec le Rassemblement national».
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Plus tôt ce mardi, Renaissance, le parti d’Emmanuel Macron, et son groupe à l’Assemblée nationale présidé par Gabriel Attal, ont précisé les contours d’un programme de gouvernement, en s’adressant, comme Horizons lundi, par lettre aux formations politiques à l’exception du RN et de LFI.
Ces lettres interviennent alors qu’Emmanuel Macron n’a toujours pas nommé de nouveau Premier ministre, cinq semaines après les législatives. Le 23 juillet, le Président a évoqué pour calendrier la «mi-août», après la «trêve» des Jeux olympiques. Le chef de l’Etat, qui a demandé aux partis et groupes politiques d’échanger dans cet intervalle, avait par ailleurs écarté la nomination de Lucie Castets, haute-fonctionnaire désignée par le Nouveau front populaire, coalition de gauche arrivée en tête en nombre de sièges aux législatives.