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Le billet de Thomas Legrand

Oser être fédéraliste pour être souverainiste européen

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Elections européennes 2024 dossier
Le fédéralisme européen, désormais injustement dépeint comme une abdication de la souveraineté nationale, est issu d’une longue tradition intellectuelle sur le continent. Face à la montée d’un nationalisme dangereux, il convient d’en redécouvrir les mérites.
Emmanuel Macron à Dresde, le 27 mai. (Ronny Hartmann/AFP)
publié le 29 mai 2024 à 7h33

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Le philosophe Gérard Mairet a passé une grande partie de sa vie à déchiffrer les Six Livres de la République de Jean Bodin, une somme de plus de mille pages écrites presque sans ponctuation dans le français du XVIe siècle. Jean Bodin, quelques décennies après Machiavel, invente et théorise le concept de souveraineté. C’est la naissance, en réalité, de l’idée que la politique est à la charge des hommes, une affaire profane, sans Dieu. Découlera de cette «découverte» la notion d’Etat, puis, plus tard, de Nation et enfin de démocratie et de légitimité populaire. Qui décide, qui fait autorité, dans quel cadre et sur quel territoire ? Gérard Mairet, le grand spécialiste de la notion de souveraineté, affirme qu’une Europe souveraine est forcément une Europe fédérale.

Emmanuel Macron défend une «Europe-puissance». Voilà qui, en toute logique, devrait faire de lui le plus grand souverainiste européen. Or, sa majorité passe son temps à galvauder le mot de souveraineté en parlant, par exemple de souveraineté alimentaire, de souveraineté numérique, sanitaire… Dans la bouche du Premier ministre, lors de son discours de politiqu