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Justice

Palace, clubs de striptease, achat d’alcool… Le président du département de la Somme jugé pour détournement de biens publics

Stéphane Haussoulier comparaît ce mardi 1er octobre devant le tribunal correctionnel de Beauvais pour détournement de biens publics, escroquerie et blanchiment. Il lui est reproché une utilisation abusive des notes de frais pour un préjudice de 370 000 euros.
Stéphane Haussoulier, à Paris, en octobre 2022. (Amaury Cornu/Hans Lucas.AFP)
publié le 1er octobre 2024 à 12h26

Il plaide un méli-mélo entre des factures – allant de restos chics à des clubs de striptease – accumulées dans sa voiture. L’accusation y voit un détournement de biens publics. Le président divers droite du conseil départemental de la Somme, Stéphane Haussoulier, comparaît ce mardi 1er octobre devant le tribunal correctionnel de Beauvais (Oise) pour «détournement de biens publics, escroquerie et blanchiment». Ce mardi matin, l’homme politique de 56 ans a écouté la juge énumérer longuement, à l’ouverture du procès, les faits qui lui sont reprochés, s’étalant entre 2016 et 2023, dont le préjudice total est évalué à 370 000 euros.

La justice l’accuse d’avoir bénéficié de remboursements doubles voire triples de notes de frais de déplacements et de restaurants. Il est également soupçonné d’avoir utilisé les cartes bancaires mises à sa disposition dans le cadre de ses multiples mandats pour des achats d’alcool, de restaurants – notamment le George V à Paris – ou pour des clubs de striptease.

Plus de 17 000 euros de frais de restauration

«L’argent n’a jamais été mon moteur», a assuré Stéphane Haussoulier au tribunal. Il a reconnu «des négligences» de sa part, expliquant qu’il laissait les tickets s’accumuler dans la voiture, mais «pas de système organisé». Il a aussi laissé entendre que les notes de frais avaient pu être mélangées, faisant peser la faute sur ses assistants, avant d’assurer que des agents, proches de son prédécesseur, cherchaient à lui nuire.

C’est le drame du cumul des casquettes : parmi les victimes présumées figurent la mairie de Saint-Valery-sur-Somme, dont Stéphane Haussoulier a été maire entre 2001 et 2020, la Fédération régionale des travaux publics Hauts-de-France, dont il a été salarié, le Syndicat mixte baie de Somme, qu’il préside, et le conseil départemental de la Somme, dont il est président depuis 2020. Contrairement à la mairie de Saint-Valery, le conseil départemental s’est constitué partie civile.

Pour la seule année 2020, la mairie de Saint-Valery a pris en charge plus de 17 000 euros de frais de restauration, tandis que le maire actuel, ancien premier adjoint du prévenu, s’est fait rembourser 3 000 euros en trois ans. «Je n’ai pas d’autres engagements, je n’ai pas son envergure, je me concentre sur la ville», a expliqué le maire actuel, Daniel Chareyron, au cours de l’enquête, pour expliquer ce différentiel entre lui et son prédécesseur.

Dans un rapport publié en novembre 2023, la chambre régionale des comptes (CRC) pointait des déplacements de Stéphane Haussoulier «sans lien démontré avec son mandat», parmi lesquels deux déplacements dans les Bouches-du-Rhône, en août 2021 et août 2022. La CRC remarquait également «une forte augmentation, depuis janvier 2022, de la fréquence des trajets vers Paris du véhicule affecté au Président pour ses déplacements officiels», atteignant «à plusieurs reprises 16 ou 17 trajets par mois».