Trois législatives partielles pour un dimanche. En Charente, les résultats sont une nouvelle fois plus que serrés puisque 42 voix seulement séparent les deux qualifiés pour le second tour : le candidat de la majorité présidentielle, Thomas Mesnier, a obtenu 35,54 % des suffrages face au représentant de la Nouvelle union populaire écologiste et sociale (Nupes), l’Insoumis René Pilato et ses 35,36 %.
Dans le Pas-de-Calais, en revanche, il ne devrait pas y avoir autant de suspense dimanche prochain. Au premier tour, le député sortant Bertrand Petit - apparenté PS et investi par la Nupes, après avoir présenté en juin une candidature dissidente- est arrivé très nettement en tête avec 46,14 % des voix (+23,60 points par rapport à juin), face au candidat RN Auguste Evrard (23,97, -3,49 points).
Dans la Marne en revanche, l’avantage est au RN qui s’est placé en tête du premier tour la candidate d’extrême droite Anne-Sophie Frigout. Avec 34,80 % des voix (+12,82 points par rapport au premier tour en juin), elle devance la candidate de la majorité présidentielle Laure Miller (30,0 %, +8,77 points). Derrière, le représentant de la Nupes, Victorien Pâté, récolte, lui, 16,17 % des suffrages. Dimanche prochain, les habitants de la circonscription qui englobe des quartiers aisés de Reims et des zones rurales devront donc choisir entre Renaissance et le RN. Un barrage grandeur nature pour la majorité présidentielle
En juin dernier, l’extrême droite l’avait emporté. Après avoir été devancée d’un cheveu par la candidate de la Nupes, Lynda Meguenine, au premier tour, Anne-Sophie Frigout s’était finalement imposée nettement lors du second face à la gauche unie. Bien aidée par la division du camp présidentiel. Pour la Macronie, en effet, la campagne s’était surtout résumée à une bataille entre la députée sortante, Aina Kuric, qui n’avait pas été réinvestie et «l’officielle» Laure Miller, investie par Renaissance après avoir tapé à la porte des Républicains sans succès. Résultat : aucune des deux n’avait pu se qualifier pour le second tour.
C’est d’ailleurs à cause de cet imbroglio que les électeurs de la Marne étaient de nouveau appelés aux urnes. Début décembre, le Conseil constitutionnel avait annulé l’élection après un recours déposé par Laure Miller. Pendant la campagne, l’adjointe au maire de Reims, pour faire comprendre aux électeurs qu’elle était bien la candidate investie par Renaissance, avait fait envoyer aux habitants des bulletins de vote à son nom complétés par la mention «La candidate officielle d’Emmanuel Macron». Problème, tout bulletin de vote sur lequel figure un autre nom que celui du candidat est considéré comme non valable. Consciente de cette erreur, Laure Miller avait alors fait retirer l’ajout superflu pour les bulletins proposés le jour J dans les bureaux de vote. Mais le mal était fait. 965 électeurs lui ont adressé leur suffrage avec le mauvais document, donc avec des bulletins comptés comme «nuls». Eliminée dès le premier tour à 249 voix près, la candidate Ensemble avait alors considéré que son «erreur administrative» avait eu une incidence sur le scrutin. D’où le recours.
Pendant ses quelques mois passés à l’Assemblée nationale, Anne-Sophie Frigout est (un peu) sortie de l’anonymat en menant la bataille contre les ZFE, ces endroits où les véhicules trop polluants ne peuvent plus ou ne pourront bientôt plus circuler dans 45 métropoles françaises. Pour mettre fin à ce qu’elle qualifie de «matraquage des automobilistes», la Marnaise avait déposé une proposition de loi visant à les supprimer. Un texte retenu dans la niche parlementaire du parti d’extrême droite le 12 janvier dernier mais rejeté après l’adoption d’un amendement de suppression. «La mobilisation doit continuer», a malgré tout tweeté Frigout, contrainte de suivre la séquence loin de l’Assemblée.