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Libération
Riposte

Pass sanitaire: Véran dénonce «une volonté d’associer des voix contre le gouvernement»

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Interrogé à la sortie du conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement a critiqué l’attitude des oppositions qui n’auraient pas «voté contre le fond du texte» sanitaire lundi soir à l’Assemblée, mais pour «faire battre» l’exécutif.
Olivier Véran, en conférence de presse après le conseil des ministres, à Paris, le 13 juillet. (Ludovic Marin/AFP)
par Timothée Barnaud
publié le 13 juillet 2022 à 15h58

Le gouvernement contre-attaque sur le projet de loi sanitaire. Si le texte a bien été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale, il lui manque désormais son article 2 qui prévoyait la possibilité de réinstaurer un pass sanitaire aux frontières, ainsi que pour les déplacements avec la Corse et l’Outre-mer. Ce dernier a été rejeté par 219 voix contre 195, notamment par les votes contre de députés Rassemblement national, de la France insoumise ainsi qu’une partie du groupe Les Républicains.

A la sortie du conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a dénoncé une stratégie allant «contre l’intérêt général des Français». Comme tous les ministres et membres de la majorité interrogés depuis mercredi 13 juillet, l’ex-ministre a notamment insisté sur l’alliance des oppositions contre le gouvernement : «Vous avez des députés de la France insoumise, qui ont décidé de joindre leurs voix à celles du Rassemblement national, dans le seul objectif de faire battre le gouvernement. Ce n’est pas un vote sur le fond.»

«Une fusion fraternelle»

Une manière d’installer dans le même camp la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) et le RN, alors que le gouvernement subit régulièrement des attaques par la gauche sur sa «collusion» avec l’extrême-droite. «Il y a eu des scènes de liesse, ou s’applaudissaient mutuellement, debout, des députés des deux extrêmes», a fustigé Véran, en décrivant les réactions dans l’hémicycle après la mise en minorité du gouvernement. Allant même jusqu’à évoquer «une fusion fraternelle».

Interrogé sur un possible compromis avec les oppositions sur la réintégration des soignants non vaccinés, l’ex ministre de la Santé l’a également refusé de manière assez claire : «Il n’y a aucun lien entre des mesures de protection aux frontières et la question des soignants non vaccinés. Je ne crois pas que le parlementarisme passe par du chantage. Ce n’est pas, tu me donnes ça, je te donne ça, surtout quand ça n’a rien à voir.»

Convaincre le Sénat

Concernant l’absence d’un certain nombre de députés de la majorité lors des votes, Véran a justifié cela par des travaux dans différentes commissions qui se déroulaient au même moment. «Vous avez, très concrètement, les députés des extrêmes qui ont quitté les débats en masse en commission sur la question du pouvoir d’achat, pour aller contrer le gouvernement sur la question sanitaire.» Avant d’ajouter, en toute simplicité : «Chacun est libre de ces combats. Le nôtre, c’est celui de l’intérêt général pour les Français.»

Pour autant, pour le gouvernement, pas question d’abandonner cet article 2 pour l’instant. Le texte doit désormais être étudié au Sénat, et le gouvernement compte bien discuter avec la majorité sénatoriale – de droite – pour réinscrire dans la loi le pass sanitaire aux frontières. «Concrètement, nous allons travailler avec le Sénat, et ça commence dès cet après-midi, a-t-il rappelé. Nous sommes confiants dans la possibilité de convaincre les sénateurs qui sont déjà convaincus de l’intérêt d’une telle mesure, pour pouvoir restaurer le texte tel qu’il avait été présenté par le gouvernement hier.» Des mots raccords avec ceux de la Première ministre Elisabeth Borne, qui s’était fendue d’un tweet dans la nuit pour dire qu’elle «se battra pour que l’esprit de responsabilité l’emporte au Sénat».