«Ils passaient leur temps à jouer avec le feu. A un moment donné, c’est très simple, quand on joue avec le feu, on se brûle». Après avoir révoqué le placement sous bracelet électronique des Balkany, la procureure d’Evreux ne mâchait pas ses mots la semaine dernière. Ce lundi, la brûlure est arrivée : la justice a décidé que Patrick Balkany allait être incarcéré, ce jour même, à la prison de Fleury-Mérogis. Le cas de sa femme Isabelle, «pour l’instant toujours à l’hôpital» selon la procureure après une possible tentative de suicide, sera, quant à lui, examiné plus tard.
Jeudi dernier, à la mi-journée, la cour d’appel de Rouen avait confirmé le jugement du tribunal d’application des peines d’Evreux (Eure), qui avait décidé en décembre de révoquer le placement sous bracelet électronique des époux Balkany. Pour le couple, assigné à résidence dans sa propriété de Giverny (Eure) depuis mars 2021 après sa condamnation pour fraude fiscale, la décision est synonyme de prison. Ce sont justement les suites judiciaires de cette révocation de bracelet électronique qui étaient au cœur de l’appel des ex-élus de la banlieue ouest. La justice avait le choix entre un emprisonnement sur-le-champ et un délai. Elle a donc opté pour le premier scénario.
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Ils rechignent à rembourser leurs dettes
Dans un arrêt de huit pages daté du 3 février, la cour d’appel de Rouen détaillait les multiples manquements notamment d’Isabelle Balkany, 74 ans, aux obligations qui lui étaient imposées dans le cadre de sa condamnation pour fraude fiscale. Il y est question de bras d’honneur, de propos «véhéments» voire «outranciers». Les Balkany, auraient, d’après plusieurs figures de Levallois-Perret, multiplié les visites dans la ville des Hauts-de-Seine y compris en dehors de leurs heures de sorties autorisées. Les époux Balkany n’ont «jamais accepté les contraintes inhérentes à la détention à domicile sous surveillance électronique», estime la cour, qui relève leur «attitude et propos véhéments ou ironiques, parfois outranciers voire outrageants» à l’égard du personnel de l’administration pénitentiaire ou du juge d’application des peines.
Mais surtout, pour justifier sa décision, la cour d’appel de Rouen souligne que les époux Balkany n’ont pas respecté leur principale obligation à savoir «payer les sommes dues aux finances publiques, et ce en dépit» d’une «très importante dette fiscale». L’ancien maire LR de Levallois-Perret, 73 ans, et son épouse doivent 5,3 millions d’euros au fisc, en plus d’une somme de 766 759 euros propre à Isabelle Balkany. Or, ils disposent de «très confortables revenus (plus de 12 000 euros par mois)» et auraient «pu faire leur choix de réduire leur train de vie actuel […] afin de régler les sommes dues», souligne la cour, qui énumère leur résidence de 500 m² à Giverny, un «pied-à-terre» à Levallois et «une employée de maison à temps plein». C’est donc peu dire que la proposition d’Isabelle Balkany de rembourser les dettes du couple par des virements mensuels de 500 euros n’a pas satisfait les juges.
Dans la foulée de la révocation des bracelets électroniques, jeudi, Patrick Balkany s’était invité à la télévision pour dire tout le mal qu’il pensait de la décision de justice. Assurant avoir toujours respecté les règles d’assignation, malgré la centaine d’alertes relevées par les autorités judiciaires, il expliquait surtout que son état de santé ne lui permettait pas d’être incarcéré. Lui qui avait justement été libéré d’un précédent séjour en prison pour raison de santé en février 2020. Durant le week-end, Patrick Balkany rendait ainsi public un certificat médical datant du 20 janvier 2022 affirmant que «l’état de santé de M. Patrick Balkany est peu compatible sur le plan médical avec sa mise en détention». A ce propos, la procureure assure que la décision confirmant l’incarcération de l’ancien baron LR avait été prise «en connaissance de cause». Balkany «aura la possibilité de voir le service médical. La direction de l’administration pénitentiaire a proposé un établissement qui permet d’avoir un suivi médical 24H /24», a-t-elle même ajouté.
Mise à jour : à 15 h 35, avec des ajouts de contexte.