Menu
Libération
Présidentielle

Peltier quitte le navire LR pour soutenir Zemmour

Election Présidentielle 2022dossier
Avec sa décision de rejoindre le polémiste d’extrême droite, l’ex numéro 2 de LR, déjà tricard dans son camp, «est de fait exclu de notre famille politique et ne peut plus s’en revendiquer», a prévenu illico son président Christian Jacob.
Guillaume Peltier, à Paris, le 25 avril 2021. (Raphael Lafargue/ABACA)
publié le 9 janvier 2022 à 11h53
(mis à jour le 9 janvier 2022 à 13h25)

La boucle est bouclée. Parti de l’extrême droite, l’ancien numéro 2 de LR, Guillaume Peltier, y retourne pour se ranger derrière Eric Zemmour. Celui qui a entamé sa carrière politique au mouvement jeunesse du Front national, a ainsi fait la retape, dimanche sur Europe 1, du «seul candidat de la droite, fidèle aux valeurs du RPR, le seul capable de battre Emmanuel Macron car capable de rassembler tous les électeurs de droite, et fondamentalement courageux et lucide sur la société française».

Enthousiasmé par Reconquête, la petite machine électorale lancée par Zemmour à l’automne pour mettre en orbite sa candidature à l’élection présidentielle - une «opportunité historique d’une nouvelle formation politique» dixit Peltier -, le député du Loir-et-Cher, élu en 2017, comptait se mettre «en retrait» de LR. Dans la foulée de son annonce, le parti qu’il avait rejoint en 2009 l’a mis à la porte. «Par cette décision, il est de fait exclu de notre famille politique et ne peut plus s’en revendiquer», a prévenu illico son président Christian Jacob. Le parlementaire s’est aussi « de facto mis à l’écart du groupe LR » à l’Assemblée nationale, selon son président Damien Abad, et siègera désormais parmi les non-inscrits.

En profitant pour régler ses comptes avec la candidate LR, Peltier n’y était pas allé de main morte, assénant : «Valérie Pécresse et Emmanuel Macron, c’est la même chose, Valérie Pécresse n’a aucune chance de l’emporter. Valérie Pécresse est un vote inutile.» Il a affirmé ne «pas avoir confiance» dans la présidente de la région Ile-de-France, multipliant les insinuations sur une proximité avec le président de la République. Sitôt sorti de son interview, Peltier a fait paraître un communiqué défendant un «choix des convictions» qu’il préférerait à «un plan de carrière confortable».

«Sans domicile politique fixe»

Tricard chez LR, l’ancien vice-président du parti avait déjà perdu son titre après avoir confessé ne pas «rester insensible au discours pour la France» d’Eric Zemmour lors de son premier meeting à Villepinte début décembre. Depuis quelques mois, sa trajectoire interne est ainsi faite de dérive et d’autosabordage. Dans le processus de désignation interne, son premier soutien à Xavier Bertrand ne lui avait pas apporté les responsabilités qu’il espérait. Sa déclaration de proximité avec Robert Ménard – il avait assuré «porter les mêmes convictions» que le maire de Béziers, proche du RN – en mai dernier avait aussi exaspéré ses camarades. Et terni encore sa réputation d’un élu perso et peu fiable. Dans la dernière ligne droite de la primaire, il s’était rabattu sur le finaliste Eric Ciotti. Lequel s’est dit «déçu par l’attitude de Guillaume Peltier» et a considéré qu’il «[commettait] une lourde faute».

Le reste de son camp l’a sans surprise pilonné, ne se privant pas de rappeler le parcours l’ancien militant du MNR de Bruno Mégret passé par le MPF de Philippe de Villiers. «Sans domicile politique fixe, il est revenu à la maison, il reste fidèle à l’extrême droite : vouloir faire perdre la droite», charge Florence Portelli, porte-parole de Valérie Pécresse. Autre porte-parole, Agnès Evren se félicite d’une «saine clarification» qui serait «tout sauf une surprise» et raille un le retour à «ses premières amours» d’un «transfuge de l’extrême droite». Olivier Marleix, vice-président des Républicains, a rappelé que Peltier et Zemmour, qui revendique de revenir aux racines du RPR, «ont en commun de ne jamais y avoir été adhérents». «Peltier fait ce qu’il a toujours fait : trahir pour mieux se vendre. C’est l’opportunisme le plus misérable», condamne le secrétaire général de LR, Aurélien Pradié. A se demander pourquoi Peltier avait longtemps occupé des fonctions si stratégiques.

Le député du Cher s’est donc chargé en personne de faire mousser son soutien à Zemmour. Ce ne serait rien de moins qu’un «événement qu’une personnalité de la droite républicaine rejoigne un candidat pour [faire vivre] l’union des droites». Il faut dire que la liste des ralliements engrangée par l’ex-polémiste d’extrême droite est très maigre : «Ça va venir, ce qui compte c’est la vague populaire. Il y a dans les profondeurs de la France une vague qui est en train de monter en ce sens derrière lui», veut croire Peltier.

Interrogée en marge d’un déplacement à la frontière espagnole, à Cerbères (Pyrénées-Orientales), Marine Le Pen a, elle, éclaté de rire. «Ça ne m’étonne pas de lui, il aura coché toutes les cases […]. C’est un épiphénomène», moque la candidate du Rassemblement national, faisant le pari «qu’Eric Zemmour finira en dessous de 10 %».

Mise à jour : à 13 h 25, avec des réactions et des précisions sur le contexte politique.