Menu
Libération
Le billet de Thomas Legrand

Penser en «OQTF» : un cercle vicieux qui conduit à l’absurde sécuritaire

Article réservé aux abonnés
La politique de résultats menée par les ministres de l’Intérieur successifs produit des situations ubuesques et entretient un climat anti-étrangers alors que notre pays a besoin d’immigration.
Pendant une manifestation contre l'extrême droite à Paris, le 22 mars 2025. (Daniel Perron/Hans Lucas. AFP)
publié le 26 mai 2025 à 11h10

Pour ne rater aucun billet de Thomas Legrand, inscrivez-vous aux newsletters de nos chroniqueurs politiques.

«OQTF» (obligation de quitter le territoire français), cet acronyme est devenu le symbole de la politique migratoire. On se familiarise avec son «taux de réalisation», c’est-à-dire le pourcentage de retour, volontaire ou forcé, par rapport au nombre d’OQTF émises par les préfets. En 2012 ce taux était de 22 %, aujourd’hui, il oscille entre 7 % et 8 %. Contrairement à ce que cette évolution peut suggérer, cela ne veut pas dire qu’il y a moins de reconduite à la frontière, mais plutôt qu’il y a plus d’OQTF prononcées, alors que les pays d’origine n’acceptent pas plus de retour. Multiplier les OQTF est devenu la traduction du volontarisme de tout exécutif qui dit vouloir «reprendre le contrôle des frontières».

Mais cet autoritarisme administratif conduit à un paradoxe : inciter les préfets à décider plus d’OQTF sans pour autant pouvoir expulser plus de monde réduit mécaniquement le taux de réalisation. Et c’est ce taux de réalisation qui est regardé par les élus et les commentateurs comme le critère de l’efficacité de la politique de limitation de l’immigration. Résultat, plus de fermeté fait baisser le taux et aboutit à une demande de… plus de fermeté. La machine médiatique s’emballe, le ministre de l’Intérieur durcit encore