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Libération
Réaction

Pepe Mujica, une des inspirations latinos de Jean-Luc Mélenchon

Le leader de La France insoumise a rencontré plusieurs fois l’ancien président uruguayen à Montevideo, mort à 89 ans. Il l’a remercié mardi 13 mai dans la soirée pour «l’exemple donné» à sa famille politique.
Jean-Luc Mélenchon et Pepe Mujica, à Paris, en octobre 2015. (Valerie Dubois/Hans Lucas. AFP)
publié le 14 mai 2025 à 13h07

Il ne lui consacrera peut-être pas le même hommage qu’après la mort d’Hugo Chávez, mais Pepe Mujica, l’ancien président de l’Uruguay mort mardi 13 mai à 89 ans, occupe une place importante dans les nombreuses «inspirations» sud-américaines de Jean-Luc Mélenchon. «Merci pour tout le courage que tu nous as donné, merci pour l’exemple que tu as donné, merci pour la leçon de vie qu’est ta mort choisie, a posté le leader de la France insoumise sur ses réseaux alors qu’il était en plein meeting à Aubenas (Ardèche), mardi soir. Adieu Pepe. Tu marches avec la lumière de notre combat.»

L’ancien socialiste a rencontré plusieurs fois l’ex-guérillero, au pouvoir à Montevideo de 2010 à 2015. En octobre 2012, il se prend même quelques leçons d’unité : «Rappelle-toi que c’est l’unité la clé de tout pour la gauche. Sinon c’est la droite tout le temps qui gagne», lui dit Mujica, dans un récit que nous avait fait Mélenchon lui-même. «Et comment je vais faire ça, Pepe, tu as vu ce que font les sociaux-démocrates en Europe ?» le questionne alors l’ex-socialiste. «Oui, je sais. Débrouille-toi. Il faut unir autour de nous sinon ça ne marchera jamais», lui renvoie l’alors président uruguayen.

Il racontait aussi cette rencontre sur son blog de l’époque : «Aujourd’hui qui rencontre Mujica apprend tellement. C’est un homme un peu fort, âgé de 77 ans, d’un calme olympien éclairé d’un sourire narquois qui fleurit vite dans la conversation, écrivait-il. Je crois que Mujica est en dedans de lui, comme on le dirait d’un escargot, ce qui veut dire qu’il ne sort pas à la commande mais seulement quand cela lui paraît opportun. C’est cette liberté-là qui surprend. On dit qu’il est imprévisible dans son contact aux autres mais je n’ai jamais eu l’impression, les deux fois que je l’ai rencontré, et cette fois surtout, qu’il agisse autrement que par précaution avec ses interlocuteurs.»

«Poète politique»

Le Venezuela devenant de plus en plus infréquentable avec Nicolás Maduro, Mélenchon s’était alors davantage rapproché d’autres références sud-américaines comme Mujica ou Cristina Kirchner, alors présidente de l’Argentine. A l’été 2019, de retour à Montevideo et Buenos Aires, il louait ainsi, toujours sur son blog, «un géant dans la condition humaine […] Non par son engagement politique, non par les œuvres de sa présidence, mais par le fait qu’il atteste du prix de l’expérience d’une vie pour se repenser soi-même et penser le monde».

«C’est de la force de cette capacité de résistance dont je cherche à m’imprégner chaque fois que nos chemins se croisent, poursuivait-il. Car je crois que c’est en elle que se trouve le ressort d’humanité qui fait de Pepe Mujica aujourd’hui cette sorte de poète politique. Et c’est en l’écoutant et en le voyant faire, il y a de cela plusieurs années que je jetais à mon tour l’uniforme des guerriers en politique et entrais dans le registre des poèmes lus sur les tribunes et du lyrisme assumé en politique, par amour de la vie elle-même. Si le but de toute politique est le bonheur, alors commençons tout de suite ce qui peut s’en approcher.» La mort de cette figure de la gauche latino marque aussi, pour Mélenchon, la fin d’une relation personnelle.