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Pesticides : deux permanences de députés NFP dégradées par la Coordination rurale avant l’examen de la loi Duplomb

Le syndicat agricole reproche aux députés d’avoir contribué aux 3 500 amendements déposées par la gauche contre la loi Duplomb, dont la proposition de réintroduction de pesticides néo-nicotinoïdes divise l’Assemblée.
La permanence du député Nicolas Thierry (élu ecologiste) vandalisée par la coordination rurale. Bordeaux le 26 mai 2025. photo Laurent Theillet / Sud Ouest (Laurent Theillet/MAXPPP)
publié le 26 mai 2025 à 21h36

Deux députés insoumis et écologistes de Gironde ont dénoncé lundi 26 mai la «dégradation» de leur permanence parlementaire par des tags et messages signés de la Coordination rurale, droitier et contestataire deuxième syndicat agricole, la nuit précédant l’examen de la loi «Duplomb».

D‘autres permanences de députés ont été dégradées ces dernières semaines en marge de l’examen de la loi visant à «lever les contraintes à l’exercice du métier d‘agriculteur», critiquée notamment par les insoumis et les écologistes. La présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet a fustigé des «pressions» et «actes d‘intimidation» contre les élus.

«Ils se trompent de cible»

«Cette nuit, des agriculteurs se réclamant de la CR33» (la Coordination rurale en Gironde, ndlr) et «n’ayant comme arguments que la violence, ont dégradé ma permanence parlementaire avec des tags et messages menaçants», a ainsi déclaré dans un communiqué le député insoumis de la 3e circonscription de Gironde, Loïc Prud‘homme. Ils «se trompent de cible», a-t-il ajouté, en «essayant d‘intimider les trop rares députés qui défendent une exception agri-culturelle française».

L’élu a l’intention de porter plainte, comme il l’avait fait à l’occasion de précédents «actes similaires menés par l’extrême droite». Sa permanence avait été taguée avec des propos anti-migrants à deux reprises en 2023. Le député écologiste de la 2e circonscription de Gironde Nicolas Thierry a, plus tard lundi, lui aussi dénoncé «une tentative d‘intimidation» après avoir découvert les murs de sa permanence «recouverts d‘affiches à caractères diffamatoires, d‘œufs et de tags revendiqués et signés par la Coordination Rurale 33».

«Le choix de répondre par des actes de vandalisme, malgré cette ouverture au dialogue, en dit long sur le véritable rapport de cette organisation aux valeurs républicaines», ajoute Nicolas Thierry dans un communiqué. Dans un communiqué, le préfet de la Gironde Etienne Guyot a dénoncé «des actes inacceptables qui visent la représentation nationale » et «qui n’ont pas leur place dans notre démocratie». Une enquête a été ouverte pour identifier les auteurs, a-t-il par ailleurs indiqué.

«On ne se cache pas mais il n’y a aucune menace»

Vincent Colineau, représentant du syndicat agricole en Gironde, contacté par l’AFP après le communiqué de Loïc Prud‘homme, a reconnu les tags en les dédramatisant. «On ne se cache pas mais il n’y a aucune menace», a-t-il déclaré.

«On a juste inscrit : Un cerveau en jachère, des idées hors sol», a expliqué l’agriculteur, pour qui «il y a juste un coup d‘éponge à mettre» pour effacer les dégradations sur la permanence de l’élu insoumis. Les agriculteurs de la CR33 reprochent aux députés d‘avoir largement contribué aux 3 500 amendements déposées par la gauche contre la loi Duplomb, soutenue par les syndicats agricoles majoritaires, et dont la proposition de réintroduction de pesticides néo-nicotinoïdes divise l’Assemblée.

«Aujourd‘hui pour être agriculteur, il faut être fiscaliste, juriste et expert-comptable. La loi est là pour simplifier, elle a été détournée par les amendements et se retourne contre nous», estime Vincent Colineau. «Il faut qu’on ait des moyens pour produire ce que les Français consomment et arrêter de dépendre des importations», ajoute le syndicaliste. De son côté, le député Loïc Prud‘homme a défendu «des prix planchers rémunérateurs» et une «opposition à tous les traités de libre-échange», pour soutenir les agriculteurs.