A une dizaine de kilomètres de l’usine Ford de Blanquefort (Gironde), où il a travaillé comme ouvrier pendant plus de vingt ans, Philippe Poutou s’est installé, loin des débats télévisés et des séances du conseil municipal de Bordeaux, où il continue de se rendre. Le porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) a repris une librairie au cœur de la préfecture de Gironde, révèle le Nouvel Obs dans un reportage publié mercredi 9 avril. Une reconversion que le triple candidat à la présidentielle préparait depuis décembre, quelques mois après son échec aux législatives de juin 2024, sous l’étiquette du Nouveau Front populaire, dans l’Aude.
Selon l’hebdomadaire, la librairie des 400 coups devrait ouvrir courant mai. De cet espace de 30 m², qui accueillera 3 000 livres dans le quartier du palais de justice de Bordeaux, l’élu local souhaite faire une boutique «clairement de gauche, pas prisonnière de l’industrie de la culture», affirme-t-il au Nouvel Obs. En attendant, Poutou et sa compagne Béatrice Walylo se sont formés chez leurs amis qui tiennent Libertalia, une librairie et maison d’édition à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. «Je suis ouvrier dans la métallurgie, j’ai fait de l’intérim dans le bâtiment et Béa est institutrice, dit-il. On est bien conscients des difficultés.»
Reconversion
Cette nouvelle aventure marque un tournant dans sa carrière politique. S’il est conseiller municipal jusqu’en mars 2026, il ne devrait pas être candidat à la présidentielle de 2027, selon le Nouvel Obs, ni, à l’avenir, porte-parole du NPA, qu’il a participé à créer en 2007 avec Olivier Besancenot pour prendre la suite de la Ligue communiste révolutionnaire. Révélé la même année pour son implication dans le mouvement contre la fermeture de l’usine Ford dont il était l’un des responsables syndicaux CGT, Philippe Poutou avait vu l’électorat du NPA s’éroder au fil de ses candidatures à l’Elysée (1,15 % en 2012, 1,09 % en 2017 et 0,76 % en 2022).
Interview
Ce n’est pas la première fois que Philippe Poutou annonce embrasser une nouvelle carrière. Après avoir coécrit Un «petit» candidat face aux «grands» médias, avec Béatrice Walylo et Julien Salingue (Libertalia, 2023), l’élu avait trouvé un emploi de chargé de promotion des films engagés auprès de l’entreprise Urban Distribution. L’ancien ouvrier avait rejoint la société de cinéma après son licenciement de l’usine de Blanquefort en 2019.