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Libération
Série : «Revenez-nous» (3/8)

Pierre Mendès France, parler vrai quand ça dit n’importe quoi

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Avec la figure morale de la gauche des années 50, refusons la personnalisation du pouvoir aggravée par la présidentialisation de la Ve République.
Pierre Mendès France, nommé président du Conseil, le 18 juin 1954. (AFP)
publié le 22 août 2024 à 15h01

La situation politique générale étant assez désespérée, Libération ressuscite des personnalités françaises disparues pour qu’elles reprennent les choses en main.


Si vous étiez encore de ce monde pour fêter dignement et sans excès vos 117 ans, vous pourriez avantageusement nous apprendre l’art du compromis dont celles et ceux qui seraient vos jeunes contemporains semblent manquer. Non pas que vous fûtes un homme à transiger souvent (oui, on sait compromis n’est pas compromission), mais votre conviction selon laquelle il faut que les solutions politiques soient élaborées collectivement plutôt que par un homme seul (on n’imaginait même pas une femme à l’époque) serait, en ce moment, utile aux oreilles des obsédés de la logique présidentielle (entre autres Wauquiez, Mélenchon, Darmanin…) qui bloquent toutes possibilités de compromis.

Vous saviez bien, comme le dit à propos du compromis le sociologue Christian Thuderoz, sûrement inspiré par vous, que «rechercher cette satisfaction conjointe suppose que chaque négociateur considère l’autre moins comme un adversaire qu’il faut contraindre que comme un partenaire qu’il faut convaincre». Vous nous le disiez déjà en 1962 pour vous opposer à la réforme constitutionnelle voulue par de Gaulle, consistant à faire élire le président de la République au suffrage universel direct. Vous aviez bien formulé cette idée antipersonnaliste en 1976.

Cette phrase qu’il faudrait punaiser au-dessus du lit de tous le