Après la nomination, la composition du gouvernement. François Bayrou l’a dit, il souhaite un gouvernement «compact» et dominé par des «personnalités d’expérience». Il a donc entamé samedi ses consultations avec des poids lourds, en recevant à Matignon les présidents des deux chambres parlementaires, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici, le préfet d’Ile-de-France Marc Guillaume ainsi que le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.
La rencontre avec la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet était fixée à 11 h 30 et celle avec son homologue du Sénat Gérard Larcher s’est tenue à 18 heures, au lendemain de la nomination du nouveau Premier ministre, qui succède au poste de chef du gouvernement au LR Michel Barnier, victime d’une motion de censure trois mois après son arrivée.
Lors de la traditionnelle passation vendredi, le centriste a assuré ne rien ignorer «de l’Himalaya qui se dresse devant nous, des difficultés de toute nature», promettant de «ne rien cacher, ne rien négliger et ne rien laisser de côté». Au lendemain de la dégradation par l’agence Moody’s de la note souveraine de la France, estimant que la «fragmentation politique» du pays est peu propice au rétablissement rapide des finances publiques, François Bayrou doit aussi recevoir le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.
Un Premier ministre sous la «surveillance» du RN
Le chef du gouvernement, âgé de 73 ans, doit composer avec une Assemblée qui peut le faire tomber si les voix de la gauche s’unissent à celles du Rassemblement national comme lors de la motion qui a mis fin au bail de Michel Barnier. Le président du RN, Jordan Bardella, l’a d’ailleurs prévenu sur X : le chef du gouvernement sera «sous la surveillance» du Parlement et «du premier groupe de députés à l’Assemblée nationale», celui de son parti. Il a réclamé que le RN, exclu d’une réunion avec le chef de l’Etat mardi, soit «rapidement» reçu par le Premier ministre, et rappelé ses «lignes rouges», que ce soit sur le «pouvoir d’achat», la sécurité ou encore la proportionnelle. Selon son entourage, François Bayrou devrait appeler les chefs de groupe durant le week-end, avant des consultations formelles en début de semaine, son idée étant «d’aller vite» pour former son gouvernement.
Comme prévu, le Nouveau Front populaire ne participera pas à ce gouvernement. Mais il se divise sur le degré de critiques envers François Bayrou. LFI déposera ainsi dès que possible une motion de censure, son coordinateur Manuel Bompard qualifiant ce choix de «nouveau bras d’honneur à la démocratie». Pour sa part, la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, a affirmé samedi sur France Inter qu’elle ne souhaitait pas «censurer a priori» le gouvernement de François Bayrou, mais qu’elle commençait déjà «à avoir des a priori de censure».
A droite, Les Républicains ont conditionné leur participation au gouvernement au «projet» que leur présentera le nouveau Premier ministre. «Nous ne nous renierons pas», a prévenu l’eurodéputé LR François-Xavier Bellamy sur France Inter, citant comme priorités de son parti l’immigration, la sécurité, l’agriculture, la fiscalité ou encore la dette du pays.
Mise à jour : à 18 h 40 avec rajout d’éléments de contexte.