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Chez Pol

Polémique sur la viande à la cantine : Ceta en pleurer

Le maire EE-LV de Lyon, Grégory Doucet, dénonce «l’hypocrisie totale» des marcheurs qui se targuent de défendre les éleveurs tout en ayant voté pour le traité entre l’UE et le Canada qui autorise la hausse des importations de bœuf canadien.
Le maire EE-LV de Lyon, Gregory Doucet, en juin 2020. (Jeff Pachoud/AFP)
publié le 23 février 2021 à 14h46

(Cet article est un extrait de Chez Pol, notre newsletter politique quotidienne réservée aux abonnés)

Des agriculteurs sont venus manifester lundi devant l’hôtel de ville de Lyon, accompagnés de vaches, de tracteurs. Un bien joli ballet destiné à dénoncer la mesure prise par la majorité écolo de supprimer temporairement la viande des menus des cantines scolaires. Les éleveurs ont même pu compter sur le soutien de l’ancien maire, un certain Gérard Collomb, qui avait pourtant pris la même mesure en mai, quand il dirigeait encore la ville. L’ancien ministre de l’Intérieur a changé d’avis, cela arrive lorsqu’on passe de la majorité à l’opposition. Depuis l’annonce de cette décision, son successeur écolo, Grégory Doucet, est attaqué par LREM. Certains, comme le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, parlent d’une aberration «d’un point de vue nutritionnel», oubliant qu’œufs et poisson seront bien servis aux enfants. D’autres, mettent en avant l’opposition entre EE-LV et le monde agricole. Une opposition mise en œuvre, donc, hier.

«Je soutiens les éleveurs locaux. Et ce sont les marcheurs, ceux qui défendaient le Ceta qui me font la leçon ?»

—  Grégory Doucet

En réponse, l’actuel maire écolo se défend de toute attaque contre les éleveurs. Dimanche, au début de la polémique, l’édile faisait auprès de nous la promotion des agriculteurs de sa région. «On veut que 50 % de la viande dans les cantines viennent d’éleveurs locaux. Donc moi, je soutiens les éleveurs locaux. Et ce sont les marcheurs, ceux qui défendaient le Ceta qui a pour conséquence de faciliter les importations d’éleveurs canadiens, qui me font la leçon ? On est dans l’hypocrisie totale. Il faut arrêter de prendre les éleveurs pour ce qu’ils ne sont pas», indiquait-il à Libération. Et l’élu EE-LV d’ajouter qu’il n’a pas besoin d’user d’une crise sanitaire pour «cranter sur le sujet» de la viande dans les cantines scolaires, d’autant, arguait-il que la mesure mise en place lundi est temporaire. Doucet a en revanche bien indiqué depuis des mois vouloir diminuer le nombre de repas avec viande à la cantine. C’était même dans son programme pour les municipales. Et c’est aussi au programme de la loi climat porté par la numéro 3 du gouvernement, Barbara Pompili.

Concernant le Ceta, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada définitivement ratifié par le Parlement français en juillet 2019 permet aux éleveurs canadiens d’exporter trois fois plus de bœuf vers l’Europe. Toutefois le Monde notait, en septembre, que les quantités de viande canadienne importées en France en 2019 n’avaient pas explosé, loin s’en faut. Elles représentaient 0,01 % de la production française pour un total de 104 «tonnes équivalent carcasse».