C’est un tableau à double entrée qui circule dans les cabinets ministériels de Bercy. Il compare la France et l’Allemagne. Pas l’évolution de leur produit intérieur brut – un indicateur qui aurait tourné à l’avantage de la France, puisque l’Allemagne a traversé plusieurs trimestres de récession – mais leur taux d’emploi en fonction de l’âge, du genre et du niveau de diplôme. Cette statistique-ci est plus favorable à l’Allemagne. «Notre problème, c’est clairement le taux d’emploi des jeunes et des seniors, on a 15 points d’écart avec l’Allemagne», martèle-t-on dans l’entourage de Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances. Le taux d’emploi des 55-64 ans est de 73% en Allemagne en 2022, contre 57% en France.

Ces données auraient, entre autres raisons, motivé les nombreux ballons d’essai lâchés depuis une dizaine de jours par Bruno Le Maire, au fil des interviews. Empiétant sur les platebandes du ministre du Travail, il a d’abord plaidé pour réduire la durée d’indemnisation chômage des seniors. Son idée : l’aligner sur celle du reste des salariés, pour mettre fin à ce qu’il qualifie d’«hypocrisie», la manière dont ce bonus est utilisé pour des mises en retraite anticipées, financées par l’assurance chômage. Franchissant une ligne rouge posée par les syndicats, Le Maire cherchait