«Il fallait rétablir l’ordre, l’ordre a été rétabli.» Mercredi 21 décembre, dans la matinale de RTL, Didier Lallement, ancien préfet de police de Paris et aujourd’hui secrétaire général de la Mer, s’est félicité de sa gestion du mouvement des gilets jaunes. Cette phrase, un classique de la vulgate d’autorité, indique, par sa tournure et l’aplomb avec laquelle elle est prononcée, que les éborgnés, les estropiés en nombre, qui constituent le bilan peu glorieux de cette crise, passent au second plan. Ce qui compte c’est l’ordre. L’ordre comme but et non comme moyen. Cette dérive est le résultat d’une incapacité, de la part de la police et de ses chefs, d’adapter la doctrine du maintien de l’ordre aux nouvelles formes de manifestations, plus erratiques, moins prévisibles.
Pression hiérarchique
La faiblesse des corps intermédiaires (syndicats, partis politiques), ces instruments de raffinage de la colère populaire brute, s’était cruellement fait ressentir en 2018. Dès lors, le cadre classique des manifestations avec déclaration en préfecture, parcours négocié entre les pouvoirs publics et les organisateurs, canalisation du cortège par un service d’ordre