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Régulièrement la presse se fait échos d’une crainte qui étreint le petit cœur de notre cher président : Emmanuel Macron a peur de voir Marine Le Pen lui succéder. Mais, pour combattre ce funeste destin, le chef de l’Etat a peut-être une solution : et s’il appliquait le programme du RN avant que celui-ci ne soit au pouvoir ? Dimanche 17 décembre, sur le plateau de Dimanche en politique sur France 3, la ministre des Solidarités et des Familles Aurore Bergé a assuré que «si mardi, nous n’avons pas un texte voté à l’Assemblée nationale puis au Sénat, ce sera la victoire d’un seul camp : le RN». Selon elle, «il faut un accord qui réponde à des préoccupations majeures pour les Français». Un accord est donc possible, «mais il est surtout souhaitable», a-t-elle précisé. Là où les choses se compliquent un peu, c’est quand Aurore Bergé se dit prête à sucrer tout ou partie des allocations familiales pour les étrangers en situation régulière. Si cela permet d’aboutir à un accord, bien sûr. «Je ne dis pas non parce que je suis quelqu’un de responsable, membre d’un gouvernement, et que nous avons besoin de faire évoluer le texte si nous voulons un accord. Un accord n’est pas une compromission». «C’est sur la table», a fièrement confirmé la ministre en charge, rappelons-le, des Solidarités.
Négociations
«Ils ont baissé le pont-levis»
Malgré les températures glaciales de ce mois de décembre, ses propos ont mis le feu à gauche. «Jamais je n’aurais imaginé que la préférence nationale de Jean-Marie Le Pen puisse être ne serait-ce qu’envisagée par Renaissance. Ils ont baissé le pont-levis», a fustigé le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure. «Le gouvernement est prêt à tout pour rallier la droite et l’extrême droite», a aussi dénoncé le sénateur PCF Ian Brossat. «Cela s’appelle la préférence nationale et c’est le programme du RN», a quant à lui pointé le patron des députés socialistes Boris Vallaud. «Si Marine Le Pen gagne un jour, aucun doute n’est permis, Aurore Bergé en sera une ministre zélée», a jugé le député Génération·s Benjamin Lucas. «Le racisme à l’état brut. Aucun gouvernement, même les plus à droite, n’avait jusqu’ici osé s’attaquer à l’universalité des allocations familiales», a enfin estimé le député écolo Aurélien Taché. Même la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a déclaré dimanche sur BFMTV que cela lui «coûterait» de demander à un étranger qui travaille en France d’attendre trois ans avant de pouvoir prétendre aux aides sociales.
Barrage républicain
Aurore Bergé trouve-t-elle vraiment normal que des étrangers en situation régulière qui paient des impôts ne puissent pas bénéficier de certaines prestations ? En 2012, Marine Le Pen, alors patronne du FN, bredouillait : «Il y a toute une série d’aides sociales que je vais supprimer aux étrangers, y compris en situation légale. Je pense effectivement que les Français ont le droit d’avoir des droits supplémentaires dans leur pays aux étrangers.» A l’époque, elle était bien seule à le proposer. Onze ans plus tard, la proposition est reprise par des gens qui, deux fois, ont invoqué le barrage républicain pour se faire élire.