Menu
Libération
Chez Pol

Pourquoi François Bayrou est-il si méchant avec les socialistes ?

Lors de l’examen de la motion de censure du PS mercredi 19 février, le Premier ministre a attaqué ceux qui lui ont pourtant permis de faire passer un budget sans dépendre du bon vouloir de l’extrême droite.
Le Premier ministre, Francois Bayrou, à l'Assemblée mardi 18 février. (Julien De Rosa/AFP)
publié le 20 février 2025 à 13h00

Extrait de Chez Pol, notre newsletter politique réservée à nos abonnés : découvrez-la gratuitement.

Génie incompris ou maladresse crasse ? La méthode Bayrou provoque souvent scepticisme et incrédulité, en dépit de son succès apparent. Dernier exemple en date mercredi 19 février. Alors qu’un début de fronde naissait sur sa droite sur le cas Ferrand, le Premier ministre assis sur un socle minoritaire s’est permis d’invectiver sa gauche. A savoir les socialistes, qui ont consenti à ne pas le censurer sur le budget, lui évitant ainsi de parier sur la clémence de Marine Le Pen. Mais qui ont déposé une motion de censure sur les «valeurs républicaines», afin de marquer leur désaccord avec l’emploi par François Bayrou de l’expression «submersion migratoire». Certes, l’exécutif n’avait aucune chance d’être renversé, l’extrême droite ayant par avance annoncé qu’elle ne donnerait pas ses voix à la gauche. Le maire de Pau est toutefois allé jusqu’à fanfaronner en dégainant des blagues méchantes et humiliantes à la tribune.

«C’est une motion de censure de Congrès, a-t-il attaqué. Ne menacez pas monsieur Faure, je viens à vous.» «Voilà une motion de censure pour faire semblant, de manière à enlever à Jean-Luc Mélenchon un angle de sarcasme contre vous, mais vous ne détournerez rien car vous aurez les sarcasmes et le ridicule», a-t-il ajouté. Le leader insoumis, justement, en a remis une couche pour enfoncer les roses. «Bayrou découvre le caractère toxique de toute relation avec le PS. Il n’hésite pas à maltraiter son petit personnel», s’est-il moqué sur X. «Bayrou a manipulé les socialistes. Quelle naïveté il fallait pour tomber dans ce piège grossier. On a assisté à une humiliation», a raillé ce matin Manuel Bompard sur France 2. Indignés par les propos du locataire de Matignon, les députés PS ont de leur côté quitté l’hémicycle, déjà bien déserté par l’examen d’une motion qui n’avait aucune chance d’être adoptée. Furieux, certains sont allés jusqu’à exiger une démission de Bayrou, comme l’oratrice de la motion de censure, la députée PS du Val-d’Oise Ayda Hadizadeh. Les esprits malins diront que c’est un peu tard.