Barnier serait-il un gros punk qui s’ignore ? Le Premier ministre n’en a en tout cas rien à faire des règles. Il s’en tamponne. Prenez l’exemple de la loi organique relative aux lois de finances (Lolf), qui impose au gouvernement quelques obligations en matière de délai pour présenter et faire voter le budget. Selon son article 39, «le projet de loi de finances de l’année […] est déposé au plus tard le premier mardi d’octobre de l’année qui précède celle de l’exécution du budget». C’est donc le 1er octobre, selon toute logique, que le gouvernement Barnier devrait présenter sa copie. Les parlementaires disposent ensuite de 70 jours pour statuer.
Sauf qu’à lire la presse ce matin du mardi 17 septembre, ce ne sera pas le cas. Selon l’AFP, le Monde, l’Opinion et Politico, Matignon envisage une autre voie : un dépôt du projet de loi finances pour 2025 le 9 octobre, soit huit jours plus tard. Un délai «totalement anormal» pour le président de la commission des finances du Sénat, le socialiste Claude Raynal, cité par Public Sénat. Mais le sénateur de la Haute-Garonne estime que cela relève de la responsabilité de Macron «qui a mis deux mois à nommer un Premier ministre». «Ce bazar, on le doit à la dissolution insensée et à l’absence de nomination d’un gouvernement pendant des semaines. Quand on perd, on ne dit pas qu’on a gagné. Comment jeter la pierre au gouvernement actuel ? On fera avec le 9 octobre», ajoute auprès de Libération le LR Jean-François Husson, rapporteur général du budget au Sénat, qui était beaucoup plus remonté quand cette hypothèse a été évoquée début septembre.
A la commission des finances de l’Assemblée, ça coince encore plus, et pas seulement sur ces questions de délai. Son président, Eric Coquerel, va débouler à Matignon ce mardi pour obtenir les lettres plafond (ces documents qui fixent les crédits par ministère pour l’année suivante) qu’il réclame depuis des semaines. Le député insoumis a reçu hier un courrier du Premier ministre «expliquant lui-même que le budget sera construit sur la base des lettres plafond» arrêtées par le gouvernement en août. Coquerel estime donc dans un communiqué «que sans plus attendre [sa] commission doit en prendre connaissance». Ça commence bien. Cette arrivée, qu’on imagine suivie, aura lieu à 12h30. Charles de Courson sera de la partie en tant que rapporteur général du budget. Les deux ont d’ailleurs créé un groupe WhatsApp avec la presse pour l’occasion.