Dire qu’on va faire une primaire, sans dire qu’on va faire une primaire. C’est devenu un classique : les partis répugnent à employer ce mot, associé à des mauvais souvenirs dans l’imaginaire collectif – le calvaire de François Fillon, la défaite d’Alain Juppé, la trahison de Manuel Valls… –, mais n’ont toujours pas réinventé le fil à couper le beurre pour sélectionner de façon à peu près démocratique une figure susceptible de rassembler autour d’elle pour porter le drapeau à la présidentielle. Ainsi des LR (Les Républicains) en 2022, qui s’étaient entêtés à désigner le processus sous le nom de «congrès». Résultat : le dispositif qui a débouché sur la candidature de Valérie Pécresse pour la présidentielle de 2022 (contre Michel Barnier, Eric Ciotti, Xavier Bertrand, ou encore Philippe Juvin) était bel et bien, quoi qu’ils en disent, une primaire.
A gauche, cela fait des mois, voire des années, que l’on tourne autour du pot. Pour 2027, tout le monde affirme vouloir «l’union», mais personne ne sait comment la provoquer. Longtemps réticent au principe d’une primaire, le député de la Somme François Ruffin qui lançait sa campagne mardi 1er avril avec un meeting à Montreuil (Seine-Saint-Denis) serait désormais plus ouvert à l’idée.
Un scrutin de présélection toujours refusé par Mélenchon
De son côté, Olivier Faure met carrément la proposition taboue sur la table, selon le Parisien, dans le cadre du congrès du Parti socialiste prévu en juin, où l’actuel premier secrétaire tentera de conserver son poste. Et défend le concept d’une «plateforme commune de la gauche, de l’ex-insoumis François Ruffin à l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, qui préparera l’élection et déterminera un candidat commun», selon les termes inscrits dans sa contribution intitulée «le Cœur de la gauche», rédigée par l’eurodéputée Chloé Ridel et la première secrétaire fédérale du Nord, Sarah Kerrich.
Entre les deux hommes, c’est tout le reste de la gauche qui est appelé à participer, jusqu’aux petits partis, mais pas Jean-Luc Mélenchon, exclu de la démarche évoquée. Sans être tout à fait officiellement déclaré, le leader insoumis laisse planer la perspective de sa candidature, y compris en cas de d’élection anticipée. Et a toujours refusé de se présenter à un scrutin de présélection pour préparer la présidentielle, depuis son départ du PS en 2008.
La proposition de Faure est aussi une façon de récupérer à sa sauce l’exigence formulée le 9 mars par ses opposants internes dans l’Opinion, qui réclamaient «une nouvelle plateforme commune, co-élaborée avec Place publique de Raphaël Glucksmann». Sauf que leur projet ne mentionnait pas François Ruffin. Dans le document que s’est procuré le Parisien, est également formulé ce que devrait être le programme du PS pour 2027 selon Olivier Faure. Ce qui n’est pas tout à fait anodin, puisque le patron des roses laisse souvent dire qu’il pourrait lui-même exprimer quelques ambitions…