Dans la course à la présidentielle, les mouvements de jeunesse sont stratégiques voire essentiels. En fournissant des troupes et de l’énergie, le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) en 2012 et les Jeunes avec Macron (JAM) en 2017 ont largement contribué à la victoire de leur champion. L’édition 2022 ne dérogera pas à la règle puisque quasiment tous les candidats tenteront de s’appuyer sur un collectif de jeunes. Il faudra compter avec un petit nouveau, lancé ce jeudi : le mouvement des Jeunes pour Montebourg. L’ancien ministre de l’Economie a annoncé au début du mois son intention d’être candidat à l’Elysée, sans passer par le Parti socialiste dont il a longtemps été l’une des principales têtes d’affiche. Les thèmes phares portés par le candidat de la «remontada» tiennent sur les doigts d’une main : la République, l’écologie, l’industrialisation, les territoires et les salaires. «Notre objectif dans la campagne va être de concrétiser sur le terrain ces grands objectifs fixés par Montebourg», explique Olivier Demoures, 24 ans, propulsé à la tête de ce collectif. Une liste de déplacements partout en France a été établie. Ils seront également autour de leur champion le 25 septembre, à Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), pour la Fête de la rose.
Méthode fidèle au candidat Montebourg
Première étape vendredi, à Dives-sur-Mer (Calvados). L’endroit n’a pas été choisi au hasard : la ville de 5 000 habitants est historiquement de gauche. Pendant près de trente ans, la petite commune normande a été dirigée par le communiste André Lenormand. Aujourd’hui, le maire est Pierre Mouraret, également étiqueté PCF. A Dives, les jeunes soutiens d’Arnaud Montebourg ont prévu de rencontrer Pierre Hoye, un restaurateur âgé d’une vingtaine d’années. «On veut montrer qu’il faut donner aux jeunes la possibilité d’entreprendre et de faire revivre les territoires», insiste le jeune militant. Avant de préciser la stratégie : «On part d’exemples locaux et concrets pour mettre en lumière des situations plus larges.» Le mouvement partira bientôt à la rencontre d’une infirmière du Jura ou d’un entrepreneur dans l’Ariège. L’objectif, toujours le même : «S’insérer dans les réalités quotidiennes.» Une méthode fidèle à celle du candidat Montebourg, qui veut parler à «la France des territoires», des classes populaires et moyennes qui vivent loin des métropoles.
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Pour l’heure, les Jeunes pour Montebourg comptent «autour de 100 membres». Mais le collectif espère vite monter à 500, voire 1 000. «Réunir une quinzaine de jeunes à Dives-sur-Mer, dont l’immense majorité sont des locaux, un vendredi après-midi, est déjà une performance. On fait mieux que d’autres mouvements», claironne Olivier Demoures, lui-même étudiant à Sciences-Po Paris. Le jeune homme, né en Dordogne, assure que son engagement vient de loin. «J’ai grandi dans un village de 2 000 habitants et j’ai vu à quel point les besoins de ces gens sont oubliés. Qui s’intéresse aux problématiques du viticulteur de Charente qui cherche à prendre un train pour aller en ville ?» interroge le jeune de 24 ans, qui aimerait embrasser une carrière dans une entreprise publique.
«La victoire est possible»
Pour lui, ça ne fait aucun doute : Arnaud Montebourg est le plus à même de répondre à ces enjeux. «Il met en œuvre concrètement ce pour quoi il se bat. Arnaud a pris des risques. Avec son miel, ses amandes et ses glaces, il emploie des gens et incarne ce qu’il préconise», dit Olivier Demoures, non sans un excès de zèle. A ceux qui l’accusent d’opposition stérile entre Paris et le reste de la France, le jeune étudiant a une réponse toute faite : «Il faut créer des ponts entre les territoires et lutter contre ce gouffre qui va en s’agrandissant.» Le collectif de jeunes veut redonner «la parole à cette France silencieuse», celle des «sous-préfectures». Alors qu’Arnaud Montebourg est crédité, dans un sondage Elabe pour BFM TV, de 2% au premier tour de l’élection présidentielle, Olivier Demoures veut croire que «la victoire est possible». C’est sûrement ça le défi de la «remontada», vantée par Montebourg.