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Libération
Reportage

Présidentielle : Montebourg candidat à la «remontada» envers et contre le reste de la gauche

Election Présidentielle 2022dossier
L’ancien ministre socialiste est sorti de sa vraie-fausse retraite politique pour officialiser sa candidature à l’élection de 2022. Moqué par certains à gauche, le chantre du «made in France» mise sur la popularité de ses thèmes de prédilection pour fédérer autour de lui un «rassemblement populaire».
A Clamecy, ce samedi à l'hôtel-de-ville de Clamecy (Nièvre). (Marc Chaumeil/Libération)
publié le 4 septembre 2021 à 18h17

Arnaud Montebourg aime faire le récit de ses origines. Raconter son grand-père charcutier, sa mère algérienne, son père inspecteur des impôts, et sa naissance à Clamecy, 3 674 habitants, dans la Nièvre. Il aime dire qu’il vient de cette France immuable. C’est ici qu’il a décidé d’annoncer sa candidature à la présidentielle ce samedi. A 16 heures, la salle de la mairie de Clamecy mise à disposition pour l’occasion est pleine à craquer. On attend l’ancien ministre de l’Economie et du Redressement productif de François Hollande quand, soudain, la voix de Johnny résonne. «Que je t’aime» à fond. La star entre. Les mains claquent. A croire que commence vraiment «la remontada de la France» que promet son slogan de campagne.

«Si je suis revenu ici 59 ans après ma naissance c’est parce qu’il ne faut jamais oublier d’où l’on vient, qui l’on est et à qui on le doit», amorce Montebourg, avant de faire une déclaration d’amour à la «France profonde». «Cette France qu’on appelle aujourd’hui avec un certain dédain la France périphérique, cette France silencieuse et digne, cette France des sous-préfectures écrasés économiquement, oubliés politiquement, sans laquelle rien en France ne pourra se relever». Pendant près d’un an, Arnaud Montebourg a hésité : être candidat ou pas ? Sur la ligne politique en revanche, il n’a jamais tergiversé. L’ancien socialiste, qui préfère la première gauche à la deuxième, plus sociale que sociétale, répète depuis des mois qu’il faut organiser un «bloc populaire». «Clamecy et la Nièvre symbolisent enfin une part des enseignements de François Mitterrand : la force de ce qu’est la volonté, parfois seul contre tous, réalisant par les urnes un rassemblement populaire.»

«Secourir la France qui coule»

Un «chemin» qu’il veut lui aussi «emprunter», alors que sa candidature hors parti est moquée par certains de ses concurrents de gauche. Ce week-end, ils évoquaient avec un peu de cruauté le sondage Ifop qui lui promet 2% de voix. Mais ça, c’était avant Clamecy et peu importe, Arnaud Montebourg y croit. Les Français, expliquent-il, ont besoin de lui : «Je suis venu ici pour éviter à la France la douleur d’un deuxième quinquennat Macron ou le danger d’un premier quinquennat Le Pen. Comment ne pas vouloir aller secourir la France lorsqu’elle coule ?»

Après le lyrisme, le concret. Puisque «les partis de droite ne savent pas protéger les Français contre l’injustice et les partis de gauche contre l’insécurité», Arnaud Montebourg propose d’organiser, lui, mais en «faisant équipe avec les Français», la remontada de la France en cinq ans. La rencontre d’un homme et d’un peuple. L’ancien ministre du Redressement productif, qui fait presque corps avec ces thématiques à force de les défendre, propose de «reconstruire les fleurons industriels pour retrouver les emplois qui manquent», en formant des alliances publiques privées, en créant des réglementations protectionnistes et en engageant des relocalisations. Lui président, il reconstruira ainsi entre 300 et 400 usines. Il faudra, aussi, remonter les salaires. Le candidat promet notamment de généraliser le dividende salarié pour tous.

Réindustrialisation et «retour à la terre»

Mesure particulièrement applaudie par la salle : la nationalisation des sociétés concessionnaires d’autoroute, pour financer les «investissements de l’après pétrole». La France d’Arnaud Montebourg sera réindustrialisée, mais aussi plus verte. «Un mot aussi pour la France rurale qui se meurtrit pendant que les centres-villes des métropoles capturent la richesse», poursuit l’entrepreneur. Pour les Français qui veulent fuir les grandes villes, il propose un «programme de retour à la terre». L’idée : l’Etat rachète le million de biens immobiliers vacants et de très faible valeur qu’il a identifié et les cède à ceux qui veulent s’y installer, à condition qu’ils les remettent en état.

Au chapitre démocratique, Montebourg promet le retour au septennat, non renouvelable, ou encore l’instauration du référendum d’initiative populaire, revendication, notamment, des gilets jaunes. Des transformations qui pourront se traduire par une VIe République, que défend aussi Jean-Luc Mélenchon. Le candidat de la France insoumise marche déjà dans le sillon populaire qu’emprunte Montebourg. Mais le Clamecycois doit savoir où il va puisqu’il sait d’où il vient.