Ils étaient cinq, ils ne sont plus que deux. Dans quelques jours, les militants et sympathisants du pôle écologiste (Europe Ecologie-les Verts, Génération·s, Génération Ecologie, le Mouvement des progressistes et l’Alliance écologiste indépendante) sauront quel candidat portera leurs couleurs pendant la campagne présidentielle à venir. Ce sera soit le député européen Yannick Jadot, soit l’écoféministe Sandrine Rousseau. Dans cette dernière ligne droite de la campagne interne, Libération résume tout ce qu’il faut savoir sur le second tour de la primaire des écolos édition 2021.
Rappel des scores du premier tour
Beaucoup pensaient que le premier tour de la primaire se résumerait à un duel entre Eric Piolle et Yannick Jadot, avec les trois candidats restants qui se seraient partagé les miettes. Raté. Car les primaires écolos apportent toujours leur lot de surprises, c’est finalement un premier tour extrêmement serré qui s’est joué la semaine dernière. Arrivé en tête avec 27,7% des voix, Jadot ne récolte que 2 733 voix de plus que l’autre candidate qualifiée pour le second tour, Sandrine Rousseau (25,1%). Derrière, l’ancienne ministre socialiste de l’Ecologie Delphine Batho (22,3%) et le maire de Grenoble, Eric Piolle (22,3%), échappent de peu à la qualification. Le candidat centriste Jean-Marc Governatori boucle la marche en ne récoltant que 2,3%. A noter que le Niçois est le seul des prétendants éliminés à avoir donné une consigne de vote. Il votera pour Jadot. Piolle et Batho laissent, eux, les électeurs face à leur libre choix.
Les finalistes
Le premier tour passé, ils ne sont donc plus que deux à pouvoir espérer porter les couleurs de l’écologie dans la course à l’Elysée. Il y a tout d’abord Yannick Jadot, perçu depuis de longs mois comme le favori. A la primaire de 2016, alors outsider, il était parvenu à s’imposer en éliminant Cécile Duflot avant de finalement se retirer au profit du candidat socialiste Benoît Hamon.
Ancien directeur des campagnes de Greenpeace France, Jadot s’est imposé comme une personnalité de premier plan au sein du parti écolo en menant la liste des européennes en 2019. Liste qui a obtenu 13,5% des voix. Un record. Dans cette primaire, le député européen veut porter une écologie «rassembleuse», pragmatique. S’il venait à s’imposer en avril 2022, la première mesure du président Yannick Jadot serait de mettre fin à l’élevage industriel par un «moratoire sur les élevages où les animaux ne voient pas le plein air et l’interdiction des élevages en cages», a-t-il expliqué sur France Inter lundi.
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Arrivée en deuxième position avec 25,1%, Sandrine Rousseau est la surprise du second tour (terme qu’elle récuse totalement). L’économiste, qui s’était lancée la première dans la course à la désignation écolo dès octobre 2020, est parvenue à bousculer les pronostics, axant sa campagne sur la radicalité. «La radicalité, c’est une manière de nous protéger et de protéger nos enfants», expliquait, par exemple, l’économiste au lendemain de sa qualification pour le second tour sur France Inter. L’ancienne numéro 2 de EE-LV assure que si elle venait à être élue présidente de la République, sa première mesure serait de mettre en place un «revenu d’existence» de 850 euros versé à toute personne de 18 ans et plus, sous conditions individuelles de ressources.
Pour tirer son épingle du jeu dans cet entre-deux tours, Sandrine Rousseau se présente comme une écologiste radicale face à un Yannick Jadot supposément beaucoup plus «modéré». «Yannick Jadot porte une écologie que je respecte mais qui n’est pas la mienne. Moi, je suis une écologiste de gauche, radicale, sociale», déclarait-elle dès dimanche à l’annonce des résultats. Mais dans leurs programmes, les deux candidats se rejoignent sur de nombreux points, comme la sortie du nucléaire, le bien-être animal, voire la nécessité de changer de modèle agricole… Entre les deux finalistes, le duel se joue finalement dans les détails.
Quel calendrier ?
Les écolos auront trois jours pour choisir qui des deux finalistes est le mieux placé, selon eux, pour les représenter dans la course à l’Elysée. Le vote en ligne sera ouvert du samedi 25 septembre 7 heures jusqu’au mardi 28, 17 heures. Les résultats seront ensuite rendus publics dans la foulée par le secrétaire national de EE-LV, Julien Bayou.
Qui peut voter ?
Impossible de prendre le train en marche pour voter à la primaire écolo. Les inscriptions à la fois pour le premier et le second tours ont été clôturées le 12 septembre, le corps électoral reste donc inchangé. Ainsi, près de 122 000 personnes (un record pour une primaire écolo) pourront trancher entre Rousseau et Jadot du 25 au 28 septembre. Initialement, 122 670 militants ou sympathisants s’étaient inscrits pour prendre part à la désignation du candidat écolo pour la présidentielle, mais les organisateurs ont décidé de suspendre plusieurs centaines de comptes suspects (près de 1 500 au total) «par mesure de sécurité», notamment lorsque la même carte bancaire était utilisée pour plusieurs inscriptions. Au premier tour, 106 622 ont voté, soit un taux de participation de près de 87%.