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Libération
Le billet de Jonathan Bouchet-Petersen

Prisons en préfabriqué : une rustine à défaut d’interroger la culture de l’incarcération

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Tout à sa volonté de communiquer, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, promet «3 000 places» supplémentaires «constructibles en dix-huit mois». Perdant toujours plus de vue l’idée d’une prison qui aurait pour priorité la réinsertion.
Un centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil, dans le nord de la France, le 10 avril 2025. (Francois Nascimbeni/AFP)
publié le 15 avril 2025 à 11h21

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La France compte 82 152 détenus pour seulement 62 539 places opérationnelles, soit une densité carcérale globale de 131,7 %. Un taux qui dépasse même les 200 % dans 15 établissements ou quartiers pénitentiaires. Voilà pour la sinistre photographie, s’appuyant sur les derniers chiffres de l’administration pénitentiaire. Le constat n’est pas nouveau mais il n’a fait qu’empirer au fil des années. Parce que de plus en plus de faits nécessitent d’incarcérer leurs auteurs et que le parc pénitentiaire ne compte pas suffisamment de places ? C’est depuis plusieurs décennies l’idéologie dominante – et assez grossière – à l’exception notable de l’action de Christiane Taubira quand elle était ministre de la Justice.

Incarcérer toujours plus, c’est d’une certaine manière la solution de facilité pour complaire à une opinion publique qui y est majoritairement favorable, tout en étant capable de s’émouvoir – quand on les lui met sous les yeux – des conditions de détention dans un pays développé comme la France. On a coutume de dire que le degré d’humanité d’un pays peut s’apprécier en regardant l’éta