Menu
Libération
Organigramme

«Problème de démocratie» à LFI : Clémentine Autain poursuit la fronde

La députée de Seine-Saint-Denis, qui conteste la composition de la nouvelle direction du parti, en remet une couche dans «le JDD» en dénonçant la «mise au placard du pluralisme» au sein du mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon.
La député insoumise Clémentine Autain à Blois (Loir-et-Cher), fin août. (Frederic Petry/Hans Lucas via AFP)
publié le 18 décembre 2022 à 16h15

Pas un jour sans une prise de parole. La France insoumise est dans le dur. Clémentine Autain, François Ruffin, Alexis Corbière et d’autres montent au front pour dénoncer le manque de démocratie interne du mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon. Plusieurs bagarres en même temps. Ceux qui prennent la parole se placent en espérant prendre la suite du triple candidat à la présidentielle mais pas seulement. Ils sont tous restés à la porte du nouvel organigramme de LFI. La députée de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain a pris la parole une première fois dans Libération une sortie qui avait fait du bruit. Elle en a remis une couche dimanche dans le JDD. Une manière d’enfoncer le clou : «La décision de composer une direction repliée sur elle-même engendre une crise majeure, dit-elle. Pourquoi ne pas inclure les différentes sensibilités et personnalités qui font pourtant la force de notre mouvement ? La mise au placard du pluralisme n’est pas possible. Nous avons un problème de démocratie dans la vie du mouvement.»

Clémentine Autain ne se cache plus. Elle a des ambitions ; elle se verrait bien candidate à la présidentielle. C’est pour cette raison qu’elle se met en première ligne. La députée n’est pas seule. François Ruffin, bien évidemment, qui a été un des premiers à critiquer la ligne politique du mouvement, mais aussi Alexis Corbière. Le fidèle de Jean-Luc Mélenchon – il chemine main dans la main depuis le siècle dernier – est également sur la barricade. Le député de Seine-Saint-Denis a pris la parole vendredi, dans le Monde, sans prendre de gants. «Cette situation insatisfaisante est le produit d’une méthode que j’ai moi-même du mal à saisir. J’ai en tout cas un radical désaccord avec le résultat, conséquence d’un processus qui ne joue pas collectif, n’associe pas assez les militants et n’intègre pas les différentes sensibilités de notre mouvement qui s’incarnent dans certaines personnalités, comme on dit. Cela nous empêche d’arriver à un consensus. Certains ont beau s’en réclamer, il n’est pas là. Beaucoup de militants sont désarçonnés», a-t-il déclaré.

«Paratonnerre de toutes les haines»

Et Jean-Luc Mélenchon au milieu de tout ça ? Le leader de La France insoumise pensait avoir fait le plus dur en mettant en place la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Il ne s’attendait pas à une séquence aussi compliquée après la présidentielle. Il y a l’affaire Adrien Quatennens, qui a fait naître une grande fronde interne, et la question démocratique. Vendredi, l’ancien socialiste était en meeting à Saint-Etienne. Il a fait deux choses. La première : citer le nom de tous les députés (même les fâchés) pour saluer leur travail au Parlement. La seconde : «J’ai dit que je me mettais en retrait et pas en retraite, j’essayais d’imaginer en quoi pouvait bien consister le rôle et je ne trouvais pas… J’ai trouvé, je suis le paratonnerre de toutes les haines de nos adversaires, et parfois de toutes les ambitions de nos amis.»

Dans les colonnes du JDD, Clémentine Autain a fait comprendre que la sortie de crise était entre les mains de Jean-Luc Mélenchon. Il lui suffit d’ouvrir la porte du mouvement en grand pour toutes les têtes. Chose qu’il n’a jamais faite. Mais une telle fronde dans les journaux avec de fortes personnalités, c’est aussi une nouveauté. Une chose est certaine : les fâchés ne comptent pas reculer.