A la barre, Sophie Conrad raconte une histoire très simple et très habituelle – sa version de l’affaire jugée ce jeudi au tribunal correctionnel de Paris : celle d’une femme qui doit subir le désir de son supérieur hiérarchique, adopter des stratégies pour l’éviter et naviguer à vue pour ne pas avoir à payer les conséquences professionnelles d’un refus. L’ex-salariée de l’Institut Montaigne, puissant think tank patronal, relate des échanges où se mêlent des promesses de promotion, des sujets d’ordre privé, des questions intimes et des avances prononcées à demi-mot.
Et la plaignante, dans un témoignage émouvant, de donner des exemples de ces ambiguïtés : un dîner dans un restaurant parisien en août 2021 où «la discussion part dans tous les sens», son patron lui expliquant lourdement être en couple libre ; une soirée à Marseille, un mois plus tard, où le même homme lui propose de la cocaïne et vante en même temps le plaisir du sexe sous cette substance ; des messages écrits dont les horaires d’envoi sont anormaux et dont le nombre s’accroît au fil des semaines. Jusqu’à la soirée fatidique du 22 février 2022, où la pression dev