La majorité présidentielle semble avoir déniché un moyen légal de… contourner la loi. Le chef de file des sénateurs RDPI (à majorité Renaissance), François Patriat, a déposé un amendement au projet de loi sur les Jeux olympiques qui, s’il était adopté, permettrait à Catherine Pégard de rester à la tête du domaine de Versailles, alors qu’elle a atteint la limite d’âge et qu’elle aurait dû quitter son poste il y plus d’un an.
Mardi, avant le début du débat parlementaire dans l’hémicycle, l’amendement a reçu un avis de «sagesse» en commission, ce qui laisse une liberté de choix aux sénateurs lors de l’examen du texte en première lecture.
L’amendement Patriat stipule que les «personnes exerçant des fonctions de président ou de directeur d’établissement public à la date de l’attribution des jeux olympiques et paralympiques de 2024 à Paris et qui participent directement à l’organisation de ces jeux peuvent […] exercer lesdites fonctions jusqu’au 31 décembre 2024». Pour le sénateur de Bourgogne, proche d’Emmanuel Macron, «il est essentiel d’assurer pendant la période à venir la continuité de l’action des organismes mobilisés».
«Continuité de l’action»
Le domaine de Versailles, qui doit accueillir les épreuves d’équitation des Jeux de Paris 2024, est piloté depuis douze ans par l’ancienne journaliste et ex-conseillère de Nicolas Sarkozy âgée de 68 ans. Catherine Pégard avait été nommée à la tête de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles par Nicolas Sarkozy, en 2011.
Elle a enchaîné trois mandats à la tête du plus célèbre château de France, un record avec trois présidents de la République différents. Mais elle aurait dû quitter son poste il y a plus d’un an déjà et n’a été maintenue à la tête du domaine au titre de l’intérim depuis dix-neuf mois.
Billet
L’article 15 du projet de loi JO prévoit déjà la possibilité du maintien en fonction jusqu’au 31 décembre 2024 des «fonctionnaires occupant un emploi supérieur les conduisant à participer directement à l’organisation des jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024». Une disposition qui pourrait s’appliquer au délégué interministériel aux Jeux, Michel Cadot, lui aussi atteint par la limite d’âge.
Selon La Lettre A, l’amendement déposé au Sénat aurait été «téléguidé» par Matignon, ce dont se défend (mollement) François Patriat. «On en a parlé avec des ministres et Matignon, mais Matignon ne m’a pas appelé», explique-t-il dans une pirouette.