Alors qu’il présentera à la mi-juillet ses arbitrages sur les textes budgétaires qui occuperont la majeure partie du temps parlementaire cet automne, un exercice qui «sera tout sauf simple» selon lui et qui avait fait chuter son prédécesseur Michel Barnier, François Bayrou reparle de la proportionnelle. Sur l’élection des députés avec ce mode de scrutin, il a lancé le 30 avril une série de consultations des forces politiques.
«Il y a une majorité […] à l’Assemblée nationale» sur ce sujet qui recueille l’approbation d’une grande partie de la gauche et du Rassemblement national, a estimé dimanche le Premier ministre dans l’émission du Grand Jury organisée par RTL, Public Sénat et le Figaro. Il a également précisé le calendrier en annonçant son intention de présenter ce texte après «le travail budgétaire», soit «à la fin de cette année», soit en début d’année 2026.
Retailleau agite le risque de «bazar» à l’Assemblée
L’ancien enseignant a beau dire avoir «confiance dans ses capacités pédagogiques» pour convaincre, il n’a pas du tout réglé les dissensions sur la proportionnelle dans les partis rassemblés au sein de son gouvernement. «Au sein du socle commun, il y a des sensibilités différentes», a-t-il reconnu. C’est un euphémisme tant le parti Les Républicains, à commencer par son nouveau chef Bruno Retailleau, également ministre de l’Intérieur, s’y oppose. Celui dont les fonctions l’amèneraient à organiser ces élections a déjà dit qu’il refuserait de «porter» une telle réforme, a déjà menacé de quitter le gouvernement pour cette raison, et a réaffirmé ce dimanche sur BFMTV qu’elle rendrait «structurel» le «bazar» à l’Assemblée nationale.
Les autres composantes de ce socle n’applaudissent pas non plus : le MoDem y est favorable, Horizons y est opposé et Renaissance va interroger ses militants tout l’été, avant un vote en septembre. Comme l’a révélé Libération, Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, avait d’ailleurs, le 21 juin, fortement déconseillé au chef du gouvernement de présenter une telle réforme contre l’avis du «socle commun».
Un précédent en 1986
Le Premier ministre défend une proportionnelle intégrale par département comme en 1986, alors que depuis l’instauration de la Ve République (à l’exception des législatives de cette année-là), les députés sont élus au scrutin majoritaire à deux tours. Le RN, favorable à une proportionnelle avec une prime majoritaire, a indiqué qu’il pourrait s’accommoder du modèle de 1986.