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#MeToo politique

Qualifiée de «pin-up» par André Santini, une élue écologiste porte plainte pour «outrage sexiste»

Victime de propos dégradants pendant un comité du Syndicat des eaux d’Ile-de-France, Dina Deffairi-Saissac, conseillère municipale de Saint-Ouen, a porté plainte contre le maire d’Issy-les-Moulineaux pour «outrage sexiste».
André Santini, en 2011. (Vincent Nguyen/Riva-Press.Libération)
publié le 28 décembre 2023 à 11h24

Des propos sexistes et méprisants pleinement assumés de la part d’André Santini. C’est ce que dénonce le communiqué publié par les Ecologistes d’Ile-de-France mercredi 27 décembre, après que le maire (UDI) d’Issy-les-Moulineaux a publiquement qualifié de «pin-up» Dina Deffairi-Saissac, conseillère municipale (EE-LV) de Saint-Ouen. Laquelle a déposé plainte pour «outrage sexiste par une personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction».

Les faits remontent au dernier comité du Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif), le 21 décembre. André Santini, président dudit syndicat, a interpellé deux élues de Seine-Saint-Denis, dont Dina Deffairi-Saissac, les appelant des «pin-up», avant d’ajouter «je vous méprise. Moi, je me pose la question de l’intérêt de votre présence», rapporte le communiqué du parti. Selon nos confrères du Parisien, l’édile de 83 ans aurait été repris par les deux femmes concernées, et contredit par l’élue de Saint-Ouen. «Bien, c’est dommage pour vous Madame. Vous n’êtes pas une pin-up. Cela figurera au procès-verbal. Et cela suffira à accroître votre gloire je suppose», lui aurait répondu le président du Sedif.

Le groupe régional d’EE-LV dénonce alors des propos qui n’ont «aucun autre but que de rabaisser une femme élue», et soutient donc son adhérente dans son dépôt de plainte, rappelant expressément que «les propos à caractère sexistes ou sexuels nommés outrages sexistes sont punis par la loi et considérés comme un délit depuis le 1er avril 2023». En effet, la loi concernant cette infraction a été durcie, et l’article 222-33-1-1 du Code pénal interdit donc «d’imposer à une personne tout propos ou tout comportement à connotation sexuelle ou sexiste qui soit porte atteinte à sa dignité en raison de son caractère dégradant ou humiliant, soit crée à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante».

Plusieurs affaires à son actif

Ce n’est pas le premier démêlé du maire d’Issy-les-Moulineaux avec la justice. En 2022, le Monde avait révélé que deux anciens collaborateurs portaient plainte contre lui pour des faits de «harcèlement moral», «harcèlement sexuel», ainsi qu’«agressions sexuelles», dénonçant des centaines d’attouchements – des faits contestés par l’élu octogénaire. Pour le protéger, le conseil municipal d’Issy-les-Moulineaux avait voté (en sa présence) une protection fonctionnelle, qui prend donc en charge ses frais de justice, ce qui a abouti à une nouvelle plainte d’Anticor pour «prise illégale d’intérêt».

En 2013, l’ancien secrétaire d’Etat à la Fonction publique avait également été condamné par le tribunal correctionnel de Versailles à deux ans de prison avec sursis, à une amende de 200 000 euros et à cinq ans d’inéligibilité dans l’affaire de la fondation Hamon (un projet de fondation d’art qui aurait dissimulé des détournements de fonds), avant d’être relaxé deux ans plus tard en appel. Il a par ailleurs été condamné trois fois pour injures publiques.