Plus c’est gros, plus ça passe. François Bayrou s’est rendu, jeudi 19 juin, à Biarritz où se tenait le congrès national de la géothermie. Un évènement qui devait à n’en pas douter tenir à cœur au Premier ministre qui a mis un point d’honneur à s’y déplacer pour prononcer un discours long de 27 minutes. Mais si dans sa prise de parole, pour promouvoir une énergie «gratuite et abondante», le Palois a fait l’éloge du renouvelable, ce dernier a semblé peu dérangé par l’impact environnemental de sa venue.
Le locataire de Matignon, a en effet utilisé un Falcon 900 du gouvernement pour effectuer cet aller-retour représentant deux heures de vol. Problème : selon une estimation réalisée par la fédération d’ONG Transport & Environnement, sur un trajet de 500 km, un vol en jet privé est de 4,5 fois à 14 fois plus émetteur de CO2 qu’un vol en avion de ligne, et 50 fois plus que le même trajet sur une ligne de train européenne.
Le billet de Thomas Legrand
Autant d’annonces que d’heures de vol
D’après Sud Ouest, François Bayrou n’est resté sur place qu’une heure à peine, snobant les journalistes qui n’ont pas pu l’interroger sur ce paradoxe. Le maire de Pau s’est déplacé juste le temps de plaider pour le développement de cette énergie en appelant de ses vœux que le nombre de professionnels de la géothermie soit multiplié par dix. Ces futurs foreurs seront formés dans les trois écoles qui verront le jour à Beauvais, Marseille et Lescar, près de Pau, a annoncé le Premier ministre. Ce dernier a complété avec une vague promesse de «nouvelles dispositions [qui] seront annoncées en septembre» pour développer la filière géothermique. Une débauche de moyen, pour peu de choses.
François Bayrou ne semble décidément pas soucieux de l’empreinte carbone du transport aérien puisqu’en février dernier il avait obtenu, après une lutte acharnée, le rétablissement de la liaison Paris-Pau. La ligne entre la capitale et sa ville béarnaise avait été interrompue en octobre 2024 par Transavia, la filiale d’Air France-KLM qui l’opérait, car elle accusait un déficit de 3 millions d’euros par an.
Bayrou, grand amateur de Falcon
Pour son usage personnel également, le Premier ministre est coutumier des voyages en avion, notamment pour se rendre sur ses terres paloises. A peine nommé à Matignon depuis moins d’une semaine, François Bayrou avait suscité la polémique en décembre dernier lorsqu’il avait utilisé un Falcon 7X pour présider le conseil municipal de la ville. Durée du vol : 52 minutes. Le tout pour un coût environnemental représentant 800 kilos de carburant brûlés dans l’atmosphère.
Quelques jours plus tard, le 10 janvier, pour se rendre aux vœux de Pau, François Bayrou avait choisi de remplacer le Falcon consommant plus d’une tonne et demie de carburant (pour une heure aller, une heure retour) et coûtant près de 18 000 euros, par un bon vieux vol commercial. Le patron du MoDem aurait aussi pu préférer le train. Le trajet Paris-Pau n’aurait duré que quatre heures, le tout grâce à l’électricité. Le choix idéal pour un grand défenseur des énergies renouvelables.