Un signe de fébrilité ? Le vice-président du Rassemblement national à l’Assemblée nationale a défendu ce jeudi 13 juin dans la soirée sur le plateau de TPMP la suppression de la double nationalité. Devant le bolloréen Hanouna, le député d’extrême droite a soutenu «qu’en dehors des pays européens, quand on a une nationalité, on en a une car ça dit beaucoup de ce que vous êtes et ce à quoi vous êtes attachés». Et celui-ci d’avancer un argument (quasi) imparable : «On ne peut pas être français pour certaines choses, et uruguayen pour d’autres.»
Manque de pot, il se trouve que Marine Le Pen avait abandonné en 2022 cette mesure, important marqueur du camp nationaliste qui figurait en bonne place sur ses programmes présidentiels de 2012 et 2017. «J’ai rencontré des milliers de gens. Par exemple des Marocains qui, juridiquement, ne peuvent renoncer à leur nationalité car leur pays l’interdit. Honnêtement, je préfère mettre ça de côté car c’est comme mettre du sel sur des plaies ouvertes», admettait la patronne du RN en personne à l’époque.
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Peu de temps après être sorti des studios, Sébastien Chenu s’est fendu d’un tweet d’excuses. «Mea culpa. Marine Le Pen a renoncé à cette mesure et ne compte pas revenir dessus ! Au moins c’est clair. Erreur corrigée.»
Une occasion que n’a pas loupée l’ex-sniper des prétoires, Eric Dupond-Moretti : «Marine Le Pen change tellement d’avis que même le pauvre Chenu ne sait plus où il habite. Il défend pendant dix minutes une mesure qu’elle a reniée il y a quelques mois», a grincé le ministre de la Justice. Avant d’ajouter, avec ironie : «La mesure en question ? Une broutille ! Supprimer la double nationalité.»
Marine Le Pen change tellement d’avis que même le pauvre Chenu ne sait plus où il habite.
— Eric Dupond-Moretti (@E_DupondM) June 13, 2024
Il défend pendant 10 minutes une mesure qu’elle a renié il y a quelques mois.
La mesure en question? Une broutille! Supprimer la double nationalité. pic.twitter.com/HK1iyPp1mT
C’est peut-être oublier un peu vite que la macronie s’est aussi aventurée, dans une moindre mesure, sur ce thème. Dans son projet de loi immigration voté l’hiver dernier, le gouvernement prévoyait à l’origine la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour homicide volontaire contre toute personne dépositaire de l’autorité publique. La mesure avait finalement fait partie de celles censurées par le Conseil constitutionnel.
Il n’existe pas de statistique récente concernant le nombre de personnes ayant deux nationalités en France. D’après une étude remontant à 2008 menée par l’Institut national d’études démographiques (Ined), 5 % de la population française âgée de 18 à 50 ans étaient alors des binationaux, soit près de 1,5 million de personnes.