«Il paraît que vous êtes l’ambassadrice de France à Berlin ?» La scène se déroule il y a quelques années lors d’une réception privée, comme le racontait le magazine Elle à l’automne 2020. Un homme interpelle Anne-Marie Descôtes, qui répond par l’affirmative. L’intrigué poursuit. «Mais alors comment cela s’articule avec la fonction de monsieur l’ambassadeur ?» Moue circonspecte de l’intéressée, qui répond : «Je m’entends très bien avec moi-même, cela devrait bien se passer.»
L’anecdote en dit long sur le plafond de verre encore présent au Quai d’Orsay, et sur la pénurie de femmes aux postes de responsabilité. Lentement, les choses bougent. A 62 ans, Anne-Marie Descôtes, nommée ambassadrice à Berlin en 2017 par François Hollande, va occuper à partir du 30 août le prestigieux poste de secrétaire général du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Une première depuis Jules Cambon, premier diplomate nommé à ce poste en 1915. «C’est l’une des meilleures diplomates de sa génération, loue un collègue en poste. Précise, rigoureuse sans être autoritaire, elle fait l’unanimité.» En mai, lors de la composition du gouvernement, son nom avait circulé pour prendre la tête du Quai