Pendant un peu plus d’une heure, vendredi, les Américains n’ont plus eu de président mais une vice-présidente aux commandes du pays. A la veille de son soixante-dix-neuvième anniversaire, le plus vieux président des Etats-Unis de l’histoire, Joe Biden, a, en effet, subi une coloscopie «de routine» sous anesthésie générale dixit la Maison Blanche. Ses pouvoirs ont donc été transférés à la vice-présidente Kamala Harris comme l’exige la Constitution américaine. Mais, que se passerait-il, en France, si Emmanuel Macron était contraint de passer une coloscopie ou autre examen du genre ? Devrait-il léguer ses pouvoirs sur-le-champ, comme c’est le cas outre-Atlantique ? Si oui, à qui ? Ou alors, la République française pourrait-elle tenir avec un président endormi ou sous anesthésie pendant quelques heures ?
Contrairement aux Etats-Unis, rien n’oblige le président de la République française à être remplacé s’il était contraint de subir un rapide examen médical ou une petite opération ne nécessitant pas une longue hospitalisation. En octobre 2007, quelques mois après son arrivée à l’Elysée, Nicolas Sarkozy avait par exemple subi une opération d’un phlegmon à la gorge sans être remplacé. L’ancien taulier de la droite avait même réussi à dissimuler cette intervention avant qu’elle ne soit révélée par un livre des journalistes Denis Demonpion et Laurent Léger, Cécilia, la face cachée de l’ex-première dame, consacré à son ex-épouse. En cas de rapide examen médical comme une coloscopie, Emmanuel Macron garderait donc bien ses pouvoirs, même en étant quelques heures dans le cirage.
Un Premier ministre suppléant
En revanche, si jamais le président de la République devait passer un examen ou subir une opération nécessitant quelques jours de repos forcés à l’hôpital, l’alinéa 4 de l’article 21 de la Constitution permet au chef de l’Etat d’être suppléé (et non remplacé) par son Premier ministre pendant quelque temps. C’est ainsi qu’en 2005, suite à l’accident cardiovasculaire (AVC) de Jacques Chirac pour lequel il avait été hospitalisé une semaine, son chef du gouvernement Dominique de Villepin avait présidé le conseil des ministres hebdomadaire. Sous la Ve République, De Gaulle, Pompidou ou Mitterrand avaient également été suppléés par leurs Premiers ministres, notamment pour des interventions chirurgicales. Mais les raisons sanitaires ne sont pas les seules : en 1964, le locataire de Matignon d’alors, Georges Pompidou, avait présidé le conseil des ministres pendant que le général de Gaulle était en voyage en Amérique du Sud.
Enfin, si d’aventure l’état de santé du président de la République l’empêchait d’assurer durablement ses fonctions, l’alinéa 4 de l’article 7 de la Constitution prévoit un remplacement momentané en bonne et due forme. Son intérim serait confiée au président du Sénat et non au Premier ministre. En 1969, suite à la démission de De Gaulle et en 1974, après la mort de Georges Pompidou, le président de la chambre haute du Parlement, Alain Poher, avait effectivement délaissé pendant quelque temps le palais du Luxembourg pour celui de l’Elysée. En cas de pépin pour Emmanuel Macron, ce serait cette fois Gérard Larcher qui occuperait (un temps) la magistrature suprême.