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Libération
Conflit d'intérêts

Rachida Dati aurait bien perçu 299 000 euros d’honoraires de GDF Suez, ce qu’elle avait toujours nié

La ministre a toujours récusé tout lien avec le groupe gazier. Mais «le Nouvel Observateur» et «Complément d’enquête» dans son émission de ce jeudi 5 juin au soir produisent des documents qui prouvent le contraire.
Rachida Dati, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), le 1er juin 2024. (Albert Facelly/Libération)
publié le 5 juin 2025 à 12h09

Une enquête conjointe de deux médias met au jour des documents d’un cabinet d’avocats suggérant que Rachida Dati aurait perçu 299 000 euros d’«honoraires» non déclarés de GDF Suez en 2010-2011 quand elle était eurodéputée et avocate, ce qu’elle réfute. Le magazine Complément d’enquête, qui sera diffusé ce jeudi soir sur France 2, et le Nouvel Observateur mettent ces versements en regard de «prises de position favorables au secteur gazier» de Rachida Dati quand elle siégeait au Parlement européen (2009-2019).

Deux virements encaissés

La ministre de la Culture, par ailleurs mise en examen pour corruption passive dans l’affaire Carlos Ghosn, a toujours récusé tout lien contractuel avec le groupe gazier français, rebaptisé Engie en 2015, et nié tout conflit d’intérêts. «Madame Dati a donné toutes ses explications et n’a jamais été l’avocate de GDF Suez», ont insisté mercredi auprès de l’AFP ses avocats, Mes Olivier Baratelli et Olivier Pardo.

Brossant le portrait de Dati en «bulldozer» de la politique, le Complément d’enquête que l’AFP a visionné mercredi révèle l’existence de documents qui ne sont à l’heure actuelle pas aux mains de la justice et prouveraient qu’elle a été rémunérée par le géant français. Ces documents proviennent de la comptabilité d’un cabinet d’avocats liquidé en 2019 et font apparaître l’encaissement de deux virements de 149 500 euros chacun provenant de GDF Suez et datés de juillet 2010 et février 2011. A chaque fois, quelques semaines après ces opérations, ces mêmes sommes ont été décaissées par le cabinet au profit de Rachida Dati avec la mention «Dati honoraires GDF Suez», selon les documents dévoilés par les deux médias. Contacté par l’AFP, Engie n’a pas donné suite dans l’immédiat.

Amendements en faveur des groupes gaziers

Rachida Dati a plusieurs fois été questionnée sur ses liens avec GDF Suez, notamment par les juges en charge de l’affaire Ghosn. Fin 2013, l’eurodéputée centriste Corinne Lepage s’était étonnée du soutien apporté par Rachida Dati à la revendication de grands groupes énergétiques, dont GDF Suez, pour l’arrêt des subventions aux renouvelables. Interrogée dans Complément d’enquête, Corinne Lepage confirme avoir été aussi surprise par les amendements déposés par Dati à Strasbourg en faveur des groupes gaziers.

Dans l’affaire Ghosn, l’ex-ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy est mise en examen depuis 2021 en raison de 900 000 euros d’honoraires d’avocats qu’elle aurait perçus entre 2010 et 2012, d’une filiale néerlandaise de l’alliance Renault-Nissan. La justice cherche à savoir si ces revenus ont pu masquer des activités de lobbying, interdites aux eurodéputés. Rachida Dati réfute toute irrégularité.