Les élections racontent des histoires. Elles ne sont pas toujours belles. Des victoires surprises, des défaites, des chutes, des larmes et des nouvelles têtes. Les lendemains aussi sont des histoires. Les spécialistes repartent au front sur les plateaux et les ondes. Les erreurs de la veille sont oubliées. Ils analysent les cartes du pays en faisant mine de rien. «La France est coupée en deux», disent-ils après l’avoir taillée en pièces. Les campagnes contre les villes. Les gentils contre les méchants. Les fâchés contre les méprisants. Les spécialistes se placent toujours du côté des gentils fâchés loin des villes, forcément.
Blessés par les mots, les coups et l’ambiance
Des histoires restent sous le tapis. Personne ne les raconte, ou presque. La parole raciste est montée dans les tours tout au long de la campagne électorale. Il suffisait de faire un tour en reportage pour entendre les insultes et la rage contre les Arabes et les Noirs. Des mots. Des agressions. Les spécialistes ont expliqué que la parole raciste s’est «libérée». Et puis c’est tout.
Rien de plus pour expliquer la crasse. Ils ne sont pas allés au bout de l’histoire. Dans les quartiers populaires du pays, une autre parole s’est «libérée». Des jeunes ont fait le taf face aux fafs. Pas en faisant du porte-à-porte ou en tractant pour un candidat. Blessés par les mots, les coups et l’ambiance, ils ont pris au sérieux cette élection. Ils ont eu peur, mais pas seulement. Les législatives surprises, une «grenade dégoupillée» comme dirai